Banquises de Valentine Goby
En 1982, Sarah a quitté la France pour Uummannaq au Groenland. Elle est montée ans un avion qui l'emportait vers la calotte glaciaire. Sa famille ne l'a jamais revue. Elle a disparu, corps et âme. Elle avait vingt-deux ans. Lisa, vingt-sept ans plus tard, part sur les traces de sa soeur. Elle découvre un territoire dévasté et une population qui voit se réduire comme peau de chagrin son domaine de glace.
Véritable coup de coeur que cette lecture !!!
Banquises est l'histoire d'une famille ravagée par le chagrin de la disparition de leur fille aînée. Cette famille subit cette perte terrible qui la maintient dans l'attente permanente puisqu'aucun élément ne permet d'établir comment Sarah et surtout pourquoi Sarah a disparu. Cette disparition va figer cette famille dans l'attente, dans l'incompréhension puisqu'il n'y aura jamais de réponse.
Sarah est-elle encore vivante ? Est-elle morte ?
L'absence de réponse à ces questions va les faire glisser définitivement dans une non-vie, une vie monochrome, une vie blanche... comme la banquise.
"[...] c'est compliqué, que l'absence prend beaucoup de place [...]"
Banquises est également l'histoire d'un peuple et d'un pays. Ce pays de glace et de froid qui disparait doucement à cause du réchauffement climatique, à cause de l'inconsistance de l'homme.
Ces deux banquises vont se percuter et vont mêler leur glace lorsque Lisa va partir à la recherche de sa soeur et va prendre conscience de l'enjeu écologique qui se joue tout au Nord de notre Monde.
L'histoire alterne les époques. Certains chapitres se passent au moment de la disparition de Sarah et les autres chapitres pendant la quête de Lisa au Groenland, sur les traces de sa soeur.
"[...] c'est le moment de rendre à Sarah le corps triplement effacé,
par la disparition, la fonte de la banquise, et l'oubli volontaire [...]"
Cette alternance permet de comprendre la construction psychologique de cette jeune femme qui a du se construire dans l'ombre de cette soeur disparue qui a figée toute la famille dans la douleur.
Valentine Goby nous entraine vers ce monde de souffrance, vers un monde qui s'efface, tout doucement, inexorablement.
NB : Même si je doute que tu passes par ici, Merci à toi de m'avoir prêté ce livre, ce fut une magnifique lecture.