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4 février 2016

Le Lac de Yana Vagner (Service Presse)

lelac

Le Lac de Yana Vagner
Traduction de Raphaëlle Pache
Mirobole Editions
En librairie le 4 février 2016
412 pages, 21,90 €
Service Presse

Au terme d'une fuite angoissante à travers la Russie ravagée par un virus mortel, Anna et ses dix compagnons de fortune - hommes, femmes, enfants - ont atteint le but de leur périple : un cabanon sur le lac Vongozero, à la frontière finlandaise, un refuge sûr, coupé d'un monde devenu hostile.
Contraints à l'immobilité, ils devront apprendre à vivre ensemble, malgré les tensions permanentes, malgré le froid polaire, malgré le manque de nourriture, le manque de ressources, le manque d'intimité. Le premier objectif est bien de passer l'hiver, terrible. Apprendre à pêcher sous la glace du lac, oser peut-être explorer les isbas désertées sur l'autre rive...
Mais ensuite ? Comment s'en sort-on, lorsqu'on est encore plus démuni pour la survie que pour la fuite ?

Dès le début de cette histoire, le lecteur est bercé par la voix de la narratrice. Une voix que l'on imagine feutrée, presque chuchotée. Une voix qui, lentement, va faire entrer dans le quotidien bien peu ordinaire d'une dizaine de personnes cloîtrées sur une île, condamnées à vivre de leur pêche, à se supporter de jour comme de nuit, à attendre que de l'autre côté du lac il n'y ai plus de danger.

Or, ce danger n'est pas quantifiable, n'est pas visible. Il est même inexplicable. C'est un virus dont nous ne saurons jamais rien mais qui se propage à une vitesse folle et tue tout être humain qu'il trouve sur son passage.

Dès le début de cette histoire, le lecteur devient membre de cette communauté étrange, qui ne se parle presque pas, qui ne s'aime pas forcément, mais qui doit s'entraider pour survivre.

Et pourtant, cette communauté ne sait ni chasser, ni pêcher, ni cultiver... De toute façon, quand bien même le saurait-elle, l'hiver, en Russie, ne le permettrait pas.

Avec Le Lac, son second roman, Yana Vagner plonge le lecteur dans un huis clos étouffant d'autant plus étrange que son territoire est pourtant immense... la Russie toute entière est là, juste de l'autre côté du lac.

Le rythme est lent, comme la vie qui s'écoule péniblement sur cette île où il ne se passe rien, où le quotidien est rythmé par les tentatives de pêche, par les tâches répétitives du lever au coucher.... sûrement parce que c'est le seul moyen de ne pas succomber à la folie.

"[...] chaque mot prononcé est en mesure de détruire sans effort
la construction fragile d'une réalité encore à venir."

L'écriture de Yana Vagner est faite de belles phrases longues et fluides, écrites à la première personne, sans doute pour permettre au lecteur de doucement se glisser dans la peau de la narratrice jusqu'à avoir la sensation d'être sur cette île et de se battre pour sa survie.

Le Lac fait vivre à son lecteur une multitude de sentiments, de ceux que l'on ne devrait pas éprouver comme la colère ou la jalousie, de ceux que finalement l'on étouffe parce qu'il n'y a pas d'autre choix que la solidarité pour survivre... alors doucement, les paroles deviennent rares, uniquement lorsqu'elles sont nécessaires.

Un roman déroutant, fort, aux multiples émotions qui se laisse déguster jusqu'à la dernière page et continue de flotter dans l'air même lorsqu'il est terminé.

La première phrase :

"Je n'arrive pas à m'imaginer ce qu'elle a pu ressentir,
enfermée avec son fils dans son appartement,

séparée du chaos et de la mort par une mince porte
et deux serrures finlandaises."

 

 

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