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7 décembre 2012

Où j'ai laissé mon âme de Jérôme Ferrari

007


1957. A Alger, le capitaine André Degorce retrouve le lieutenant Horace Andreani, avec lequel il a affronté l'horreur des combats puis la détention en Indochine.
Désormais les prisonniers passent des mains de Degorce à celles d'Andreani, d'un tortionnaire à l'autre : les victimes sont devenues bourreaux.
Si Andreani assume pleinement ce nouveau statut, Degorce, dépossédé de lui-même, ne trouve l'apaisement qu'auprès de Tahar, commandant de l'ALN, retenue dans une cellule qui prend des allures de confessionnal où le geôlier se livre à son prisonnier...
Sur une scène désolée, fouettée par le vent, le sable et le sang, dans l'humidité des caves algéroises où des bourreaux se rassemblent autour des corps nus,
Jérôme Ferrari, à travers trois personnages réunis par les injonctions de l'Histoire dans une douleur qui n'a, pour aucun d'eux, ni le même visage ni le même langage, trace, par-delà le bien et le mal, un incandescent chemin d'écriture vers l'impossible vérité de l'homme dès lors que l'enfer s'invite sur terre.


J'ai découvert Jérôme Ferrari avec son roman de la rentrée littéraire, "Le sermon sur la chute de Rome".
Et c'est avec l'histoire de l'un des habitants de ce "petit village Corse" que nous partons pour l'Algérie.

André Degorce, rescapé de Buchenwald, s'est engagé dans l'Armée Française.
Lors de la Guerre d'Indochine, son courage et sa ténacité lui ont permis de gagner l'estime de ses hommes et quelques galons.
Ce sont précisément ses derniers qui le mèneront en Algérie, en 1957, afin de traquer les rebelles.
Alors, celui qui avait été torturé devient à son tour tortionnaire.

Le roman débute par les paroles de l'un des officiers d'André Degorce. Celui-ci lui remémore les événements qui ont fait basculer leur relation : l'arrestation de Tarik Hadj Nacer, tête pensante de l'opposition.
Le respect que lui portera le Capitaine Degorce finira par lui valoir le mépris de ses hommes puisque pour ces derniers :

"[..]ce n'est pas avec notre compassion ou notre respect,
dont il n'a que faire,
que nous rendons justice à notre ennemi
mais avec notre haine, notre cruauté
- et notre joie."

Puis, suivent les pensées du Capitaine Degorce. Cette introspection le fera s'interroger sur la qualité de sa vie, sur ses qualités d'Être Humain, sur la façon dont sa famille le voit et sur sa propre perception de lui-même.

C'est une descente profonde dans l'Âme Humaine.... et ce qu'elle révèle est effrayant.

L'écriture de Jérôme Ferrari est ciselée, malgré les longues phrases, et nous fait peu à peu entrer dans la peau de ces Français qui ont torturé au nom de l'Etat...
Certains auront trouvé une certaine impunité à leurs actes.... D'autres en seront sortis brisés.

Et si les premiers reprendront une vie normale, les seconds penseront à jamais que :

"Le passé disparaît dans l'oubli, mon Capitaine,
mais rien ne peut le racheter."

 

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Commentaires
A
Un roman très fort que j'avais beaucoup aimé (lu avant son prix)
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K
Euh, c'était une question, je ne sais pourquoi j'ai mis des points de suspension !
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K
Il n'y a pas des scènes trop insoutenables... Le thème de la torture m'effraye un peu.
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T
Dis donc il a l'air très prometteur ce monsieur. Je me note le titre. Merci copine.
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