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4 mars 2014

Balco Atlantico de Jérôme Ferrari

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Sur la place d'un village corse, le nationaliste Stéphane Campana s'est effondré, fauché par deux balles tirées à bout portant. Virginie, jeune fille vivant depuis l'enfance dans la vénération de cet homme, se jette sur son corps inanimé pour une ultime adoration.

Khaled et Hayet, frère et soeur originaires de Larache, près de Tanger, sont arrivés là quelques temps auparavant, en quête d'un monde meilleur que semblait promettre le miroitement de la mer du haut de la magnifique corniche qu'on appelle Balco Atlantico.
Sur l'île de violence et de beauté, la trajectoire militante de l'un et le parcours jalonné d'espoirs puis de désillusions des autres sont déroulés jusqu'à leur rencontre décisive.
Porté par une langue charnelle et terriblement fraternelle, un roman solaire sur la mémoire, l'exil intérieur et les rêves d'ailleurs.


Jérôme Ferrari aime situer ses intrigues dans ce petit village corse peuplé de personnages forts et singuliers dont certains ont été les protagonistes principaux de "Où j'ai laissé mon Âme" et de "Le sermon sur la chute de Rome".
C'est d'ailleurs dans ce second roman qu'un personnage secondaire attire particulière l'attention par sa présence étrange au bord de la folie. Il s'agit de Virginie, la fille de Marie-Angèle, propriétaire du bar du village.
Virginie dérange, percute, interpelle le lecteur.... Et Balco Atlantico, puisqu'il est antérieur au "Sermon sur la chute de Rome" révèle la "genèse" de Virginie.

La scène d'ouverture de Balco Atlantico annonce de suite la tonalité de ce roman. Il sera sombre, violent et triste.
Dès les premières phrases, le lecteur découvre Virginie nue, sur la place du village, couchée sur le corps de Stéphane Campara, hurlant la perte de celui qui la fascine (et quelque part la façonne) depuis sa plus tendre enfance.

Sombre et violent, Balco Atlantico ne peut en être autrement puisque Jérôme Ferrari va nous faire entrer dans le monde de l'ultranationalisme corse en suivant Stéphane Campana. Et ce monde là n'est que vengeance, conflit et destruction.
Sombre et violent, également parce que Balco Atlantico relate la relation perverse entre cette petite fille devenue adulte, d'une beauté époustouflante, qu'un homme manipule et détruit.
Sombre et violent, surtout parce que Balco Atlantico relate la destruction d'un rêve : celui de Khaled et Hayet qui ont fui leur pays pensant qu'ils vivraient mieux ailleurs... Et qui ne trouveront en final que malheur et désillusion.

Au fil des chapitres, Jérôme Ferrari nous livre une partie de l'histoire de Corte. Son écriture mêle les destins avec finesse et précision, à tel point que le lecteur a très souvent l'impression de contempler un album photos dont les instantanés pris sur le vif en apprennent bien plus que les mots.
Et pourtant, chaque mot, chaque nom à son importance dans l'écriture de Jérôme Ferrari... En effet, si Virginie porte ce prénom, c'est simplement parce qu'à la place d'un Mater Dolorosa, c'est une Vierge païenne qui pleure un homme.

Alors que le lecteur espère que, peut être, d'ici la fin de l'histoire, tout va s'arranger pour Corte, c'est un final qui claque comme trois coups de feu...

Peut être le roman le moins connu de Jérôme Ferrari, mais déjà un vrai chef d'oeuvre... qui porte en lui la douleur des souvenirs, de la perte de l'espérance, l'errance, l'amour jusqu'à l'obsession, la solitude mais malgré tout l'Espoir.

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