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12 juin 2016

Spada de Bogdan Teodorescu

spada

SPADA de Bogdan TEODORESCU
Paru en 2008 en Roumanie
puis  Agullo Editions le 12 mai 2016
(GF 320 pages)

Personne ne pouvait négliger les deux millions de voix roms.'
Un roman de politique-fiction puissamment actuel, véritable " Borgen " des Balkans.

Un petit truand est retrouvé égorgé dans les rues de Bucarest. Quand un deuxième voyou, puis un troisième sont assassinés du même coup de lame mortel, il devient clair qu'un meurtrier en série sévit dans la capitale roumaine. Ses victimes ont toutes le même profil : elles appartiennent à la communauté rom et possèdent un casier judiciaire. 
À la veille de l'élection présidentielle, le gouvernement se serait bien passé d'une telle affaire, propre à réveiller les tensions entre la majorité roumaine et la minorité tzigane. D'autant que le tueur, insaisissable, ne semble pas près de s'arrêter. À chaque nouveau coup de celui que la presse a baptisé le Poignard, la haine entre communautés s'envenime, chauffée à blanc par la fièvre médiatique et une instrumentalisation politique éhontée. 
Tandis que les vieux démons de la Roumanie refont surface, l'Union européenne s'inquiète : le pays est-il sur le point de basculer dans un sanglant conflit interethnique? En abordant une banale histoire de meurtres à travers le prisme des médias et de la vie politique, Bogdan Teodorescu dresse un portrait acide de la société roumaine contemporaine. Un roman de politique-fiction puissamment actuel, véritable " Borgen " des Balkans.

La jeune maison d’éditions Agullo m’avait conquis avec son FLEUVE DES BRUMES* ; le même jour (le 12 mai) paraissait simultanément ce titre ; il était indispensable donc que j’aille jeter mes mirettes de ce côté et de vous faire part de mon ressenti.

Allons donc de ce pas, déposer notre roulotte en Roumanie.

Bucarest perd son équilibre lorsqu’un tueur en série sévit dans la ville et ses environs. Ses victimes ont tous le même profil :  Rom avec casier judiciaire. C’est la seule piste à exploiter car « le Poignard », tel qu’il est baptisé par les médias, ne laisse derrière lui aucune empreinte, et nul témoin n’a pu offrir un quelconque espoir d’identification aux services de police malgré une liste de victimes grandissante.

La presse s’empare de l’évènement en passant du simple « faits divers » en affaire d’état défrichant au passage la classe politique qui, pour le coup se divise. Tout comme l’opinion publique qui voit en « le Poignard » une espèce de Zorro délivrant le mal dans la communauté Tsigane.
Pendant ce temps Spada (poignard en roumain) continue son œuvre morbide en employant le même modus operandi sans que l’enquête progresse d’un iota malgré les nombreuses interpellations.

Le poignard serait-il un stratagème inventé de toute part, fruit d’une imagination de quelques âmes politiques avides de conserver, ou de prendre le pouvoir ?

Cette situation réveille les tensions et provoque un véritable tohu-bohu entre le peuple roumain et les minorités tziganes.  Les médias ne sont pas en retard non plus et se révèlent être influents et redoutés sur le sujet devenu éminemment politique. A un an des élections présidentielles, on peut comprendre aisément l’engouement des uns et des autres.

Les fauves sont lâchés !

Les faibles n’auront qu’à courber l’échine, les forts devront trouver des solutions même si elles ne sont pas très convenables…

Comment a-t-on bien pu en arriver là ?

Un jour La Mouche, un Rom retrouvé égorgé puis une multitude d’autres ensuite emmèneront le lecteur dans un roman intelligemment construit autour d’une situation pas si fictive que cela.
L’auteur, éminent spécialiste en la question,** a réalisé un brillant transfuge de ses personnages. L’ère Ceaucescu, pourtant échue a laissé  place libre à des responsables politiques aux pratiques douteuses. Au Royaume de l’instrumentalisation, les conspirations et les trahisons sont les alliés du pouvoir, ne laissant pas en reste des médias corrompus, aux antipodes du malaise sur le terrain où un conflit interethnique est à deux doigts d’éclater.

Schématiquement, c’est un peu cela que Bogdan Teodorescu a voulu nous faire partager dans son roman. Ce polar politique avec ses multiples personnages et ses flashbacks sur l’histoire de la Roumanie n’est pas un livre spécialement facile à lire, mais avec un minimum de concentration et l’envie d’en savoir un peu plus sur l’histoire de ce pays de l’Est, il s’avère qu’on se laisse guider par le fil de cette situation tragique. Le tout accompagné d’un soupçon d’humour noir dont seul l’auteur peut se permettre…

Vous l’aurez compris chers lecteurs (trices) de CCBDL ce livre n’est pas un simple roman policier. ***

Bonne lecture.

Bruno.

manifestants roumains

 

POUR EN SAVOIR + sur AGULLO EDITIONS C’est ICI :     http://www.agullo-editions.com/#intro et https://www.facebook.com/Agullo-Editions-710344572399249/

 

Extrait :   

« Le président de séance demanda le silence et le député reprit :

– Je sais que vous ne nous aimez pas. Pour vous, nous sommes des Tziganes, un point c’est tout. Je vois ça dans vos regards, tous les jours. Peu importe que j’aie fait des études, que je sois docteur ès sciences, que je sois marié et que j’aie trois enfants, que j’aie fait mon service militaire, que je paie mes impôts à l’État. Je reste un Tzigane. Et pour vous, c’est une tare. Je subis ces regards depuis mon enfance, j’avale des humiliations que vous ne soupçonnez même pas. Mon père, Dieu ait son âme, avait fait lui aussi des études universitaires, il avait des doctorats et un prestige international, et il a dû subir tout ça lui aussi. Depuis que je suis au Parlement, je ne cesse de dire que les Roms, que les Tziganes doivent s’intégrer à la société, qu’ils doivent accepter et dépasser leur statut de minorité… Mais ne l’oubliez pas, nous sommes une minorité très sage. Nous ne demandons pas de pancartes bilingues, nous ne demandons pas d’université ni de droits spéciaux, nous n’allons pas nous plaindre auprès de diverses instances européennes. Selon la loi de l’administration locale que nous votons ces jours-ci, il faudrait installer des pancartes bilingues roumain-tzigane en plein Bucarest. Mais nous considérons que c’est aller trop loin. Six Roms ont été assassinés uniquement parce qu’ils étaient roms, je le répète, seulement parce qu’ils étaient Roms ! Et aucun de ceux qui devraient faire la lumière et trouver l’assassin ne lève le petit doigt. J’ai des informations selon lesquelles le ministre de l’Intérieur aurait donné des instructions pour que personne ne soit affecté spécialement à ce dossier. Et je me demande pourquoi… Si c’étaient six Hongrois, six Magyars de Roumanie, qu’on avait retrouvés la gorge tranchée, tout le monde s’en occuperait. Pour des Tziganes, il n’y a pas urgence. Dépêchez-vous, messieurs, vous ne savez pas ce que c’est qu’un Tzigane furieux ! Ou qui a peur de mourir… »

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Commentaires
A
Il a tout pour me plaire. Je pense que je vais lui fair une petite place dans ma PAL.
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