Harold de Louis-Stéphane Ulysse
HAROLD de Louis-Stéphane ULYSSE
Editions le Serpent à plumes (2010)
État de Californie, septembre 1961. Chase Lindsey, un éleveur d'oiseaux, recueille un corbeau blessé qui porte une bague argentée à la patte. L'oiseau s'appelle Harold. Bodega Bay, 1962, le tournage des Oiseaux d'Hitchcock peut enfin commencer. Harold et Chase y participent, totalement hypnotisés par la fascinante Tippi Hedren. Mais Harold est dangereux... et Tippi, en déroute... Voici le point de départ d'une histoire hors du commun, d'amour et de gangsters : l'histoire d'un corbeau et d'une actrice.
Autour d'eux, Alfred Hitchcock, Éva Beaumont, Lew Wasserman, Mickey Cohen, les redoutables frères Gianelli, Abraham Zapruder, s'affrontent et se croisent dans un récit qui flirte avec le roman noir et le technicolor.
Me balader dans une solderie et y voir des Serpents à plumes en très bon état tenait de l’hallucination. J’en prends quelques uns en me fiant à la quatrième de couv’ (un peu au hasard donc !) puis y retourne un peu plus tard en compagnie de ma pote, libraire et parisienne en vacances. Cette dernière prend Harold dans ses mains en disant « C est bien çà ! ». Ni une ni deux, dix minutes plus tard Harold était mien.
Entre Chase, éleveur d’oiseaux et Harold le corbeau, c’est une drôle d’histoire. Comme dans beaucoup de romances passionnelles les issues sont souvent torrides. On n’échappe pas à la règle ici aussi.
Il n’y a pas que chez les Rita Mitsouko que les histoires d’amour finissent mal, sauf qu’une autre naît dans la foulée entre le corvidae à l’intelligence d’exception – son instinct diabolique et jaloux également - et l’actrice Hollywoodienne Tippi Hedren en plein tournage du film Les Oiseaux.
1961. Hitch, aux commandes, règne en maître des lieux sur le plateau tandis que les éleveurs d’oiseaux manoeuvrent à l’organisation gigantesque des 4000 têtes encagées sur les terres de Bodoga Bay tout en négociant avec la mère Ridgway, véritable terreur du tournage avec sa fonction de représentante de la LPO locale* qui ira jusqu’à imposer une infirmerie pour oiseaux.
Hollywood c’est çà !
La blonde Tippi se pomponne dans sa loge et découvre les joies d’être l’actrice principale du film, puis les déconvenues. Hitchcock a un tempérament particulier et laisse aller ses sentiments envers la belle. Sa muse ? Pas vraiment.
Le réalisateur ayant choisit l’actrice dont c’est le premier rôle aurait souhaité en échange quelques faveurs.
Hollywood c’est çà aussi !
L’actrice, Harold à l’épaule saura esquiver bien difficilement les avances du Maître. Durant ce temps, cela paraît plus simple comme idylle entre Chase et Eva Beaumont, la doublure de Tippi.
En lisant ceci, chers lecteurs(trices) de CCBDL, vous me direz, cela semble assez plat et à tout l’air de romances entrecroisées. Que nenni !
Ce livre est un roman policier sombre et insaisissable mêlant une intrigue sur un fond de décor du milieu du cinéma Hollywoodien d’époque souvent lié au pouvoir et à la pègre.
Louis-Stéphane Ulysse réussit un exercice périlleux en intégrant dans son histoire un corbeau fantastique, véritable ange gardien, tout en nous régalant de croustillantes anecdotes de tournage du film Les Oiseaux.
Enfin l’ère Kennedy est aussi disséquée tout comme l’histoire de la pellicule et de sa fameuse image 313 manquante lors de l’assassinat du président Kennedy filmée par Abraham Zapruder.
C’est fascinant de se balader ainsi entre fiction et réalité de l’époque, tellement l’histoire est rondement menée, huilée comme une mécanique sans faille.
Enfin pour les fans du maître du cinéma à suspens (Hitch baptisé ainsi tout au long du livre), ils pourront découvrir plusieurs défauts et facettes du bonhomme à leur en faire baisser leur libido cinéphile. **
La construction du roman est parfaite mêlant le vrai et le faux et les chapitres sont volontairement courts.
Les passionnés de cinéma seront ravis tellement la richesse des détails du milieu Hollywoodien et particulièrement du tournage du film précité, est présente.
Quant aux passionnés de cinéma et de littérature ils seront comblés. Ce livre est le leur !
Ah ! J’oubliais « T’avais raison Sophie, ma libraire préférée, c’était bien, çà ! ».
Bonne lecture.
Bruno.
* LPO (Ligue pour la protection des oiseaux)
- ** Pour en savoir plus à ce sujet ci-joint 2 liens intéressants : http://www.premiere.fr/Cinema/News-Cinema/Alfred-Hitchcock-etait-malefique-d-apres-Tippi-Hedren-l-actrice-des-Ohttp://www.lefigaro.fr/cinema/2012/09/11/03002-20120911ARTFIG00482-la-trouble-fascination-d-alfred-hitchcock-pour-tippi-hedren.php
EXTRAITS :
« Comme les autres héroïnes hitchcockiennes, elle tenait les rênes mais, avec elle, l’issue du jeu restait incertaine ; il y avait cette ambiguïté que rien ne serait jamais offert ni acquis. »
«… et Tippi, les genoux en sang, bas déchirés, le sang aussi sur le visage, se mit à pleurer, cette façon de pleurer qu’on a tous parfois quand on ne parvient même plus à reprendre son souffle, et la silhouette avait quelque chose de perdu à cet instant-là, dans l’immensité des décors du studio, et elle pleurait toujours lorsque brusquement, les sanglots se suspendirent parce que, quelque part dans le même espace qu’elle, elle n’en était pas sûre, mais quelque part quand même elle entendit ce bruit, elle avait encore ses larmes mais au moins maintenant pouvait-elle respirer, et elle regarda sans trop y croire, mais elle entendit ce bruissement d’aile… »
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