Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
CeciBon... de Lire
10 avril 2019

Ils étaient vingt et cent... de Stanislas Petrosky

ilsetaientvingt

Ils étaient vingt et cent... de Stanislas Petrosky
French Pulp Editions, Collection Grands Romans
En librairie le 11 avril 2019
240 pages, 18 €

Gunther, jeune allemand opposé au régime nazi, excelle dans l'art du dessin.

Il se retrouve promu illustrateur officiel du camp de Ravensbrück, son oeil d'artiste interprète la vie et surtout la mort.
L'histoire d'un homme qui a vu la construction et la libération du plus grand camp d'extermination de femme du IIIème Reich, un homme qui a vécu des deux côtés des barbelés.

"Saisir l'horreur à la pointe d'un crayon."


Il y a de ces sujets que l'on s'est promis de ne plus jamais aborder, de ne plus jamais lire... Non pas que l'on refuse de croire qu'ils ont existé mais parce qu'ils sont si douloureux que les voir ou les lire tord les tripes, glacent les os, broie le coeur, mouille les yeux.

La shoah est l'un de ces sujets.... douloureux, si douloureux !

Et puis, notre regard croise celui de ce petit garçon, au sourire tendre malgré l'étoile de shérif cousu sur son torse... ce tout petit Yenkel dont le regard malicieux nous parvient grâce à la magnifique toile d'Alain Kleinmann et qui nous susurre à l'oreille : "S'il te plaît, ne m'oublie pas !"

Alors, on se souvient qu'

"Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés
Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants
Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent..."

et que dans le confort de nos petites vies protégées du pire, nous n'avons pas le droit d'oublier... parce que la bête ne fait que dormir et qu'il ne revient qu'à nous de faire qu'elle ne se réveille plus jamais !

Alors, on ouvre ce livre et on accepte de se plonger, une fois de plus, au coeur de l'horreur.

C'est au côté de Gunther, ce jeune homme qui ne voulait que peindre et dessiner, que nous prenons place. Nous glissons notre main dans la sienne et nous l'accompagnons et découvrons que ce vaste chantier n'est autre que la porte de l'enfer.

"Ravensbrück était appelé à devenir l'enfer des femmes.'

Sous nos yeux apparaît Ravensbrück, ce camp concentrationnaire réservé aux femmes. Sous nos yeux vit ce camp de l'horreur... et le coup de crayon de Gunther fait naître pour nous les couleurs, les odeurs... les horreurs !

"Des doigts j'étalais mon dégoût des hommes."

Au fil des pages, Gunther se transforme au fil de la vie du camp, dresse un portrait terrible, quelquefois cru mais jamais trash, d'une vérité qu'il ne faudra jamais oublier : les appels arbitraires en pleine nuit sous la neige, le travail inutile jusqu'à l'épuisement, les coups qui pleuvent gratuitement, les insultes qui blessent encore plus, les expériences médicales... la violence, la maladie, la souffrance, la mort !

Ils étaient vingt et cent... est un roman douloureux, sombre, violent mais la sensibilité et la douceur de la plume de Stanislas Petrosky y glisse une lumière, fait naître de la solidarité, de l'amour, de la douceur... fait naître une rose derrière les barbelés...

Si pour Cocteau, l'art c'est la sueur.... incontestablement, pour Stanislas Petrosky, l'art, c'est les larmes.... 

Les siennes, glissées discrètement, avec pudeur, au fil de son récit..... les nôtres, impossible à retenir au fil de notre lecture.

Un roman nécessaire mais avant tout bouleversant, sombre et beau !

Un roman indispensable !

La première phrase :

"Quatre-vingt-dix-neuf ans...
J'ai 99 ans aujourd'hui."

 

Publicité
Publicité
Commentaires
A
Un camp visité il y a quelques années. J'en sui encore bouleversée quand j'y pense.
Répondre
P
Merci...<br /> <br /> Merci pour tes mots, ils me touchent tant...
Répondre
T
C'est un roman à lire pour le devoir de mémoire.
Répondre
CeciBon... de Lire
Publicité
CeciBon... de Lire
Visiteurs
Depuis la création 220 431
Newsletter
Publicité