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8 octobre 2015

Fannie et Freddie de Marcus Malte

fannieetfreddie

New York. L'énorme escroquerie des subprimes a conduit à la ruine des millions de ménages modestes endettés à mort, comme les parents de Fannie, vieux couple d'ouvriers rêvant d'accéder à la propriété. Fannie, surnommée Minerve par ses collègues de bureau parce que son buste tout entier pivote quand on l'interpelle. Fannie, dont personne ne se doute que sa raideur masque une effrayante coquetterie pour dissimuler un oeil de verre. 
Cachant l'âme d'un cyclope solitaire, cette Minerve borgne n'en est pas moins femme. Au volant de sa vieille Toyota, elle traverse l'Hudson et se dirige vers la pointe fortunée de Manhattan, l'esprit vide, des sortes de rêves plein le coeur... "Le trajet dure une quarantaine de minutes, au terme duquel elle pénètre dans un parking couvert au 45, Wall Street. Elle monte jusqu'au sixième niveau, le dernier, et parcourt les allées au ralenti jusqu'à ce qu'elle ait repéré ce qu'elle cherche : un coupé Mercedes gris métallisé.

Deux longues nouvelles composent en fait ce recueil.

La première, Fannie et Freddie, se déroule à New York et relate l'incroyable vengeance de Fannie dont les parents ont tout perdu au moment de la crise des subprimes.
Parce qu'elle n'a pas supporté de les voir perdre tout ce qu'ils avaient gagné grâce aux fruits d'années de travail, parce qu'elle ne supporte plus qu'on ne voit en elle qu'une pauvre fille terriblement laide, Fannie va plonger dans la folie.... et celui-ci qu'elle considère comme responsable de cet descente en enfer va devoir en payer le prix fort.
Il va alors comprendre abruptement que :

"Dieu merci, elle n'est plus aussi insoutenable, la légèreté de l'être."

La seconde, Ceux qui construisent les bateaux ne les prennent pas, se déroule en France, dans les chantiers navals de la Seyne-sur-Mer. Ingmar, le protagoniste, est inspecteur de police. Sa carrière a été plutôt brillante et pourtant il traîne un lourd fardeau : 27 ans plus tôt, son meilleur ami est mort d'un coup de feu sur cette plage. Il a été conclu à un accident, et pourtant, Ingmar a toujours eu un doute.... Ce sera la seule enquête qu'il ne parviendra jamais à élucider.
Alors, il se dit que :

"Je suis comme la ville : je n'oublie pas.
J'ai perdu mon âme quelque part sur cette plage, il y a vingt-sept ans de cela.
Depuis, je n'ai jamais cessé de chercher."

Par ces deux nouvelles, Marcus Malte raconte deux vies brisées. Si Fanny est rongée par la haine et son esprit de vengeance donnant ainsi un air de Mysery au récit de l'autre, Ingmar est lui rongée par la culpabilité et le remord.
Mais, quoiqu'il en soit, l'un comme l'autre ont vu leurs vies basculées en seulement quelques minutes.... et si la première est un huis clos étouffant, la seconde permet de reprendre son souffle sur une plage, provocant un contraste formidable pour le lecteur.

L'écriture de Marcus Malte, comme toujours, est fine, implacable et va droit au but, avec une noirceur extraordinaire donnant au texte une puissance extrême.

Un magnifique recueil de deux nouvelles qui rappellent : 

"Jusqu'à quelle échelle nos vies peuvent-elles se réduire ?"

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Commentaires
M
Je note cet auteur que je ne connais pas.
Répondre
A
Un auteur que j'apprécie beaucoup.
Répondre
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