Prince d'orchestre de Metin Arditi

19 septembre 2012

Prince d'orchestre de Metin Arditi

Alors que chaque concert lui vaut un triomphe et qu’il se trouve au sommet de sa gloire, le chef d’orchestre Alexis Kandilis commet une indélicatesse dont les conséquences pourraient être irrémédiables. Sa réputation est ébranlée. Aux déceptions et revers qui s’ensuivent, il oppose la certitude de son destin d’exception. Mais les blessures les plus anciennes se rappellent à son souvenir. L’insidieux leitmotiv des Kindertotenlieder – Les chants des enfants morts – de Gustav Mahler lui chuchote sans répit le secret qu’il voudrait oublier. La chute est inexorable. Seules l’amitié ou la confiance de quelques proches semblent l’ouvrir à une autre approche de son talent, susciter en lui un homme nouveau, dont la personnalité glisserait de la toute puissance à la compassion, de l’arrogance à l’empathie profonde. Se dessine peut-être une métamorphose…
Roman haletant, parcours exalté, bouleversé par les véhémences de la musique, Prince d’orchestre est aussi une réflexion sur la part d’imprévisible que contient toute existence, sur la force du hasard et les abîmes de la fragilité humaine, sur les souffrances que convoque, apaise, et souvent transcende l’inépuisable fécondité de l’art.

Lorsque j'ai découvert que le "nouveau Metin Arditi" faisait parti de la sélection envoyée par Entrée Livre, j'ai sauté de joie. J'ai tellement aimé "Le Turquetto" que j'avais hâte de me plonger de nouveau dans l'univers de cet auteur.

Avec Prince d'orchestre, c'est dans un univers radicalement différent que nous emmène Metin Arditi puisque l'histoire se déroule de nos jours, à Genève, dans l'univers si fermé de la Musique Classique et plus exactement dans le monde des Chefs d'Orchestre.

Alexis Kandilis est le plus grand. Il est beau, il est talentueux, il est admiré de tous. Tous sont convaincus de son immense talent... A commencer par lui-même.
Et pourtant, lorsque, lors d'une représentation, il commet une petite erreur, la machine s'emballe. Celui qui était adulé commence à chuter lentement. Ceux qui l'encenser commencent à fuir son regard.
Alexis Kandilis, à la confiance en lui phénomènale, se fissure, laisse remonter les peurs du passé, les souvenirs douloureux... et se montre, peut-être pour la première fois depuis qu'il est sommet de sa gloire, incroyablement humain.

Ce roman est construit comme un journal, les dates nous permettant de prendre conscience de la rapidité à laquelle la vie d'Alexis Kandilis bascule.
L'ensemble des personnages est décrit avec une telle exactitude qu'ils prennent vie sous nos yeux. Très vite, Alexis Kandilis, au profil de statue grecque, devient humain. Sa cour apparait autour de lui, au fil des pages, pour créer tout ce microcosme pourtant absolument spécifique du monde des Chefs d'Orchestre.

La précision de l'écriture de Metin Arditi donne également toute son ampleur à la gestuelle du Chef et (re)crée pour nous tout l'univers musical de son héros.
Il y a, bien évidemment, l'histoire personnelle d'Alexis Kandilis, mais c'est également un excellent moyen de découvrir, ou de redécouvrir, certaines grandes oeuvres musicales.

Ce livre est, pour moi, l'une des plus belles découvertes de cette rentrée littéraire pour le moment... mais chut, je vous laisse avec Gustav Mahler et le Kindertotenlieder n°1 qui obsède tant Alexis Kandilis, le Prince déchu.