satanetaitunange

Tu sais Paul, Satan était un ange... Et il le redeviendra.
Rouler, droit devant. Doubler ceux qui ont le temps. Ne pas les regarder.
Mettre la musique à fond pour ne plus entendre.
Tic Tac...
Bientôt, tu seras mort.

Hier encore, François était quelqu'un. Un homme qu'on regardait avec admiration, avec envie.
Aujourd'hui, il n'est plus qu'un fugitif qui tente d'échapper à son assassin. Qui le rattrapera, où qu'il aille. Quoi qu'il fasse.
La mort est certaine. L'issue, forcément fatale.
Ce n'est plus qu'une question de temps.
Il vient à peine de comprendre.

Paul regarde derrière lui ; il voit la cohorte des victimes qui hurlent vengeance.
Il paye le prix de ses fautes.
Ne pas pleurer. Ne pas perdre de temps. Accélérer.
L'échéance approche.
Je vais mourir.

Dans la même voiture, sur une même route, deux hommes que tout semble opposer et qui pourtant fuient ensemble leurs destins différents.
Rouler droit devant, admirer la mer. Faire ce qu'ils n'ont jamais fait. Vivre des choses insensées. Vivre surtout...
Car après tout, pourquoi tenter sans cesse de trouver des explications ?

François a tout : la réussite professionnelle, une femme qu'il aime, de l'argent... et pourtant, sa vie bascule en 5 minutes.
François décide de tout quitter, de prendre la fuite devant cet ennemi, devant le tueur à ses trousses... et ce, même s'il sait qu'il ne gagnera pas cette guerre-là.
François s'arrête pour prendre un auto-stoppeur. Et pour la deuxième fois en peu de jour, sa vie bascule de nouveau.
Paul aussi est en fuite... Paul aussi a un tueur à ses trousses.
Paul et François ont deux vies complètement différentes. L'un pourrait être le père de l'autre. L'un va changer la vie de l'autre, pour toujours.

Dans Le Purgatoire des Innocents, Karine Giebel nous offrait un huis clos parfaitement maîtrisé qui rendait le lecteur claustrophobe. Avec Satan était un Ange, elle offre un virage à 180° grâce à ce road book qui coupe le souffle.
Le changement radical d'univers n'est pas la seule donnée qui désarçonne le lecteur. En effet, cette histoire-là se passe dans le tout début des années 2000... on parle encore en francs et on fume librement.

Bien qu'il s'agisse d'un thriller, il n'y a pas véritablement d'intrigue à dénouer, même si, petit à petit, au fil des kilomètres, François grappille les informations sur la vie de Paul et découvre pourquoi le jeune homme est en fuite.
Bien que l'intrigue soit assez classique, il n'y a pas de temps mort, chaque fin de page crée un rebondissement qui donne l'irrésistible envie de continuer la lecture pour comprendre enfin jusqu'où les deux héros vont aller. Les phrases sont courtes et incisives. Les chapitres sont annoncés par de courts extraits Des Fleurs de Mal de Baudelaire, ce qui annonce de suite la couleur de l'histoire.

Les personnages sont formidablement bien construits. François et Paul n'ont pas la même histoire, ne fuient pas pour les même raison. Leurs personnalités respectives permettent au lecteur de s'identifier, de s'attacher, de détester, voir même de haïr.
Satan était un Ange est avant tout un roman d'une grande humanité, sur les hasards de la vie, le destin de chacun, la force de refuser ce qui est écrit.

Au fil des pages, le lecteur ne peut se poser la question : Satan était un Ange, et peut-être l'est-il toujours ?

Satan était un ange de Karine Giebel

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