couverture Frnk Sinatra

FRANK SINATRA DANS UN MIXEUR de Matthew Mc Bride
Editions Gallmeister Collection Néonoir.
4 mai 2015
245 pages

Il faut une certaine dose de courage pour braquer une banque au volant d'une camionnette de boulangerie. Ou une certaine dose de bêtise. En tout cas, ça ne passe pas inaperçu. Et quand il s'agit de remettre la main sur le butin, flics et voyous se lancent dans la course. Pour Nick Valentine, ex-policier devenu détective privé, c'est l'occasion rêvée de se refaire. A chaque loi qu'il transgresse, à chaque bourbon qu'il descend, à chaque cachet d'Oxycontin qu'il avale, il s'approche un peu plus du jackpot.

Ou de la noyade dans le Missouri.

Ayant passé un excellent moment avec un des livres de la récente collection Néonoir (Cry Father) de l’éditeur qui a le vent en poupe, j’ai décidé de jeter une nouvelle fois mon dévolu sur un autre spécimen de la maison.
Et spécimen le mot est à sa juste place !
Ce polar qui sait être violent peut se montrer aussi tordant de sourires et de loufoquerie. Un excellent mix à savourer sans modération.

USA. Saint- Louis. Cà commence par un braquage en fourgonnette de boulangerie qui foire bien comme il faut pour ouvrir les hostilités. Une équipe de bras cassés repart sans l’un des leurs et avec le cadavre du banquier Norman Russo qu’ils vont tant bien que mal chercher à maquiller en suicide. Le butin colossal est toutefois préservé mais quand on est junkie et en mission parfois on s’y perd un peu les pédales et la mémoire.

Putain ! et le sac ? Le magot merde !

Cà tente bien de se faire la belle quand son complice est refroidi et que les rêves les plus dingues peuvent devenir réalité. N’est-ce pas mister Telly ?

Mais c’est sans compter le chef, le caïd Joe Parker. Monsieur huit pièces, s’il vous plait ! Excusez du peu.
Ce sac avec ses liasses de billets verts est convoité aussi par d’autres canailles et il va en faire du chemin et des coffres ce satané de sac. J’explique : d’un côté vous avez sous la houlette de Parker, Johnny Sans Couilles et Sid l’Angliche et Telly, de l’autre en free lance Big Tony et Doyle. Aucun des six n’est pourvu de délicatesse et de tendresse. Aucun des cinq derniers cités n’est pourvu d’intelligence. Çà promet pour la suite des évènements.

Il ne faudrait oublier Nick Valentine, ancien flic, devenu détective privé et alcoolique invétéré à la fois. Chargé de cette affaire pour aider un commissaire usé et ami de son père, il mettra les pieds dans un sacré pétrin. Son ancien métier lui a tout de même conféré des connaissances dans le milieu de la pègre. Notamment son indic, Big Tony.
Il y a un dénominateur commun entre Big Tony et Nick qui est à ses trousses sans vraiment le savoir. C’est le Cowboy Roy’s Fantasyland, lieu culte où les serveuses peuvent frotter leur vagin contre les genoux des clients venus se désaltérer le gosier à coups de lampées de Mountain Dew glacé. Cà tombe à pic Nick est un adepte .

Valentine est un privé vraiment borderline, du genre à vivre dans un taudis parmi les détritus avec son fidèle bâtard de yorkshire et de trimballer dans son coffre de voiture une glacière pleine de bières et une tronçonneuse de marque Stihl. Vous voyez un peu le genre ?
Non, vous n’en n’imaginez même pas le quart ! Cela va au-delà de l’entendement.

Pendant que Nick avance assez vite dans l’enquête, un fils de pute se paie le luxe de dévaliser la turne de Parker le cador, de le démunir de son liquide, des bijoux et du gros godemiché violet de Cathy sa belle et de chier sur un de ses oreillers de soie. Ire incommensurable !
Convoqué sur le tas, Johnny sans Couilles n’a jamais aussi bien porté son nom. Mais putain, qui a donc fait çà ? Venir dépecer l’homme aux huit pièces, violer le domaine du boss, faut vraiment en avoir dans le gilet ! Tout çà pour un sac ?

Qui et comment le susdit sac s’est retrouvé là ? Comment son contenu en est sorti ? Ca va saigner grave je vous l’assure. Vengeance aux méthodes anticonformistes à l’appui. Et notre Nick Valentine qui écluse un nombre incalculable de boissons alcoolisées accompagné d'Oxycontin se retrouve embringué lui-même dans cette sombre et rocambolesque affaire. En prime, on s’en prend aussi à Frank Sinatra. Et là, ce que les gens ignorent : c’est la chose qu’il ne fallait surtout pas faire, toucher à « son » Frank.

Ce roman est un excellent polar rythmé par ses personnages complètement déjantés, à la fois idiots et tordus les plongeant dans des situations les plus folles imaginées et un humour noir bien en place. C’est sordide sans l’être et l’on jubile.
Matthew Mc Bride ne prends pas nos vessies pour des lanternes. C’est la force de ce polar. Personnages à la masse, défoncés + un gros nuage de violence + un soupçon d’humour, vous passez le tout dans un mixeur et vous obtenez le fameux résultat qu’est le roman de cet auteur que j’ai déjà envie de lire de nouveau.

Un régal de polar !

Je ne regrette absolument d’avoir fourré à nouveau mon nez chez Néonoir. Assurément !

Bonne lecture.

Bruno

Extraits :

« Il entendit tourner les pistons du cylindre, et clic. Il se trouva tout à coup dans le séjour et il ferma la porte lentement, sans bruit. Puis il sentit dans sa bouche ce goût étrange, le goût que seul connaît et sait apprécier celui qui entre par effraction dans un domicile. A défaut de jouir dans une des filles du Cowboy Roy, c’était le meilleur moment qu’il connaîtrait dans sa vie »

« Ils nous ont trouvés, Johnny ! Mais Johnny ne s’en souciait guère. Il était trop occupé à mourir »

« Alors que j’accueillais à bras ouverts les premiers signes d’ivresse, je commençais à remarquer que mes pensées devenaient plus lucides à chaque cocktail que je préparais. Comme frappé d’un éclair venu du ciel, je compris la vérité qui était au cœur de ma vie: boire plus faisait de moi un meilleur détective »

Franck Sinatra dans un mixeur de Mathew Mc Bride

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