LE SCEAU DE L'OMBRE de Marie VINDY
Editions Krakoen 2011
(1ère édition 2008)

Quand une jeune reporter se présente à son domicile, le commandant de police Simon Carrière n’est pas surpris. Corps décapités, femmes assassinées, violées, la barbarie de ces crimes a marqué les esprits des habitants de cette ville de province où tout semble si tranquille.
Pour conjurer les de sa mémoire, Simon Carrière va relater les faits dans les moindres détails et livrer sa vérité.

Avec ce polar qui se joue des codes du thriller, Marie Vindy nous entraîne dans une histoire criminelle où plane l’ombre de célèbres tueurs en série qui ont traversé la Bourgogne. Suspense et frissons garantis.

De Dijon beaucoup d'entre nous connaissent sa célèbre moutarde et ses maisons bourgeoises à façades. Désormais, il faudra faire avec Marie Vindy, l'auteure de polar qui grimpe doucement mais sûrement vers les hautes sphères du PPF (Paysage du Polar Français).
Ce roman dont je tairai la façon dont je me le suis procuré, mais qui est particulièrement original fait figure de collector pour la simple raison qu'il a été édité, puis réédité (jusqu'à là tout va bien !) chez une maison d'éditions (Krakoen) qui a mis la clef sous la porte.
Depuis Marie Vindy a franchi un autre palier en signant chez la très sérieuse Manufacture des Livres. Avec en l'occurrence Cavale(s) qui vient de sortir récemment en grand format et dont la critique dit déjà le plus grand bien. Mais revenons à nos moutons, ou plus précisément aux pérégrinations policières du commandant Carrière....

Simon Carrière : Plusieurs années de boutique au SRPJ de Dijon, la mine patibulaire, le gosier souvent sec (et encore plus avec cette affaire qui va le miner considérablement), fidèle à sa vieille Xantia blanc sale et à l'odeur de tabac, autonome au boulot comme à la maison. Carrière n'aime pas trop être dirigé, et aime encore moins et par dessus tout les journalistes.

" Peut-être son allure d'odieuse parisienne de ces fouille-cachait-elle autre chose ? Il en avait repoussé tellement de ces fouille-merdes...»

C'est donc une Isabelle Legrand fraîchement débarquée de Paris qui s'y colle, et revient sur une affaire qui a fait trembler Dijon et sa région avec une série de meurtres peu ordinaire puisque quasiment tous les cadavres possèdent un point commun. Ils sont étêtés.

Dijon la douce est ébranlée et la main courante de son office de police est plus souvent accoutumée à de futiles plaintes, vols ou trafics en tous genres mais surtout pas aux sérial-killers. Le commandant Carrière a du pain sur la planche, et son équipe de bras cassés (l’un plutôt borderline et l’autre spectateur de l’enquête). Marion serait encore la mieux du quatuor mais elle disparaît vite de l’enquête pour une raison mystérieuse…
L’enquête piétine tandis que l’assassin continue de sévir. Il faudra l’arrivée de Marie-Shan Li pour observer un changement. Li est profileuse de profession et débarque comme un cheveu sur la soupe dans l’enquête. Cette dernière propose une autre manière de procéder. Sous l’œil torve du commandant et malgré lui il acceptera cette sorte de plan B. Mais le criminel poursuit sa route sans concession aucune en appliquant le même modus operandi. L’osmose du binôme Li-Carrière liant leurs expériences communes réussira-t’il à stopper cette hémorragie d’hémoglobine ?

J’ai apprécié ce roman pour trois raisons principales : la première, c’est le suspens crescendo ressenti au fil des pages, la seconde, le portrait des personnages notoires du livre décrits au plus près, passés au rasoir tel un jeune marié le Gillette à la main le matin de cérémonie
La personnalité de Li m’a subjugué car Marie Vindy a su quasiment lui faire prendre le pas sur Carrière au gré des pages.
Enfin la troisième raison, c’est le lieu de l’action. Nous voguons entre Chenove et Dijon, en province et cela change un peu des arrondissements de Paris ou autres quartiers de New York. Ce n’est pas tous les jours quand même ironiserai-je…

J’avoue découvrir Marie Vindy et je pense revenir vers vous un peu plus tard pour une autre chronique à moins que vous autres chers lecteurs de CCBDL vous y voyiez une objection et que la moutarde vous monte au nez …

Bonne lecture :

Bruno

Extraits :

« Ils avaient déjà, certes, tous les trois vu des cadavres, souvent vu des choses pas très belles, voire assez répugnantes, et une autopsie, même si ce n’était pas leur lot quotidien, restait une affaire de routine. Pourtant, bien présomptueux aurait été celui capable de se vanter de ne rien ressentir. Difficile de s’habituer à ce contact et le légiste lui-même, avec la distance médicale nécessaire face aux corps proprement dits, ne serait sans doute jamais indifférent à la conscience de ce qu’une victime pouvait avoir subi. «

« Dès que le gendarme Chaumel, trois semaines plut tôt, lui avait annoncé que les têtes de Bertrand Royer et de Nathalie Lemoine avaient été tranchées et qu’elles avaient disparu, il avait su que cette affaire serait la plus importante de toutes celles qu’il avait traitées. Ce sinistre fait divers l’avait ébranlé depuis le début. Le face à face avec un tueur dont la folie meurtrière, la perversion sordide, renvoyait à un pan de l’âme humaine qu’il n’avait jamais envisagé. La rencontre de Li lui avait ouvert l’esprit à un domaine où, malgré l’honnêteté de son engagement professionnel, il ne s’était aventuré que timidement : l’étrange bourbier que représentait l’inconscient d’un criminel et, par delà, celui de tout un chacun. »

Le Sceau de l'Ombre de Marie Vindy

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