"Céline est privée de nourriture, battue des années durant, enfermée. Elle craint chaque week-end pour sa vie, travaille, travaille encore, pour briller et jouer les pianistes prodiges en gardant le secret sur l'horreur de sa vie familiale et, autour d'elle, un silence assourdissant.
Comment suspecter l'horreur de la servitude sous les atours de l'excellence ? L'exigence absolue de la perfection qui devient justification de tous les excès et de tous les abus et qui mystifie l'entourage d'autant plus facilement que cette esclave n'est pas affectée à une tâche de souillon mais à une production artistique réservée aux élites ?"

Comme il est difficile de parler d'un tel livre... et pourtant, il y a tant à en dire.

En effet, vous l'aurez compris, il s'agit d'un témoignage. Par conséquent, pas question de remettre en cause le style littéraire ou la fluidité de lecture...
D'ailleurs, l'histoire est bien écrite, le style est fluide et nous entraîne vite dans l'histoire de Céline... sans pathos et sans haine...

Et, pourtant, comme elle est difficile, l'histoire de Céline...

Des années battue, enfermée, humiliée, affamée, à travailler sans relâche la technique du piano sous la menace d'un père qui compte les fautes et frappera ensuite autant de fois qu'il y aura eu d'erreurs.

Quelle pression épouvantable sur les épaules de cette petite fille qui subira, pendant des années, et qui affrontera le silence de ceux qui ne veulent pas voir.

Céline n'est pourtant pas une enfant difficile. Elle n'est pas turbulente, ni insolente.... Non, son "défaut" est d'avoir un certain talent pour jouer du piano.
Et, ce talent, son père va en devenir obsessionnel. Il voudra que Céline brille dans les concours, soit la meilleure... surement pour compenser un sentiment d'infériorité hyper développé.

Malheureusement, nous savons tous que des enfants sont battus... Là, n'est pas le propos de ce témoignage.
Céline Raphaël nous rappelle que la maltraitance existe dans tous les milieux sociaux et que, chaque jour, des enfants continuent de mourir sous les coups des adultes.

Alors, même si Céline Raphaël est devenu médecin (ce qui lui permet d'ailleurs de militer en faveur de la protection de l'enfance et d'une meilleure formation des professionnels de la santé au repérage de la maltraitance), et joue désormais du piano pour son propre plaisir et celui de ceux qui l'écoutent, après avoir lu son livre, je n'ai eu qu'une envie : prendre la petite Céline dans mes bras, et lui demander pardon... au nom de tous ceux qui ont refusé de voir.

Je vous laisse avec son témoignage, bien plus éloquent que mes quelques mots :

La Démesure de Céline Raphaël

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