Sam Tahar semble tout avoir : la puissance et la gloire au barreau de New York, la fortune et la célébrité médiatique, un "beau mariage"... Mais sa réussite repose sur une imposture. Pour se fabriquer une autre identité en Amérique, il a emprunté les origines juives de son meilleur ami Samuel, écrivain raté qui sombre lentement dans une banlieue française sous tension. Vingt ans plus tôt, la sublime Nina était restée par pitié aux côtés du plus faible. Mais si c'était à refaire ?
A mi-vie, ces trois comètes se rencontrent à nouveau, et c'est la déflagration...
"Avec le mensonge on peut aller très loin, mais on ne peut jamais en revenir" dit un proverbe qu'illustre ce roman d'une puissance et d'une habilité hors du commun, où la petite histoire d'un triangle amoureux percute avec violence la grande Histoire de notre début de siècle.

Samir Tahar a grandi sans père. Parce que sa mère a eu une liaison avec son employeur, ils ont emménagé dans les "beaux quartiers", permettant ainsi à Samir de fréquenter les meilleurs établissements scolaires.... Personne ne soupçonne alors qu'ils viennent dans une chambre de bonne.
Samir a déjà le désir immense de sortir de sa condition. Il va alors travailler dur pour décrocher son diplôme d'avocat... Et il sera le meilleur de sa promotion.
Pourtant, alors qu'il envoie des dizaines de CV, aucune proposition d'emploi ne lui ai faite. Après en avoir discuté avec Samuel, son ami de toujours, il décide de retirer 2 toutes petites lettres à son prénom.
Samir va alors devenir Sam et décrocher un poste dans l'un des meilleurs cabinets d'avocat de Paris. Son employeur croit tellement en lui qu'il l'envoie à New York pour ouvrir une succursale... et lui accordera toute sa confiance parce que pour lui, ils sont tous les deux de la même communauté... Sam ne pouvant être que le diminutif de Samuel.

Sam Tahar va alors devenir l'un des meilleurs, va épouser Ruth, et avoir deux enfants. Cette nouvelle vie est basée sur un mensonge par omission.
Personne ne sait que Sam est musulman et non pas juif. Personne ne sait que sa mère est vivante à Paris. Personne ne sait qu'il a un frère, François, blond comme les blés.
Parce qu'un malentendu est à la base de son embauche et qu'il a peur de tout perdre, Sam ne dira rien et s'efforcera de donner le change.

Seulement, 20 ans plus tard, alors qu'il est au sommet de sa carrière, il va revoir Samuel, dont il a très sérieusement emprunté des éléments biographiques, et surtout Nina, son Amour d'adolescent jamais oublié.

Sam, brutalement, va alors découvrir que lorsque les fondations d'une maison sont branlantes, elle peut s'écrouler à tout moment.... et va alors, tout perdre.

Karine Tuil commence son histoire comme celle d'un triangle amoureux relativement classique. La fille est très très belle, l'un des garçons va tout réussir, l'autre va être un looser... Jusqu'ici, rien que de plus banal.
Et pourtant, petit à petit, le lecteur est entrainé dans une histoire beaucoup plus complexe qu'un Jules et Jim revisité. Karine Tuil va s'interroger sur la quête identitaire, la volonté de s'affranchir de son milieu, donnant grâce à son écriture incisive, nerveuse, quelquefois un peu désordonnée, un rythme et une profondeur à cette histoire qui, très vite, ne permettra plus de refermer ce roman sans en avoir atteint la dernière page.

Alors que ce roman commence comme l'histoire d'un triangle amoureux, il finit très vite par poser la question suivante :

Que reste-t-il des vies basées sur une imposture ?

Pour le savoir, il vous faudra aller à la rencontre de Sam Tahar... peut-être le trouverez-vous attachant, peut-être vous dégoutera-t'il... quoiqu'il en soit il ne vous laissera pas indifférent !

L'Invention de nos vies de Karine Tuil

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