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LE SERPENT AUX MILLE COUPURES de D.O.A
Gallimard Série Noire 2009
Folio policier 2012 N° 646 puis réédition 8.10.2015

Trois criminels sud-américains sont retrouvés morts à Moissac, paisible bourgade viticole du Quercy. Pour le lieutenant-colonel de gendarmerie Massé du Réaux, appelé sur les lieux de la fusillade, aucun doute, c'est le travail d'un professionnel. Règlement de comptes entre narcotrafiquants ou acte d'un homme traqué, qui n'a rien à perdre et s'est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment ?

Quand tu dois te rendre chez ton opérateur téléphonique et qu’une librairie indépendante a planté ses jalons depuis une dizaine d’années à moins de 100 mètres.
Quand tu rentres dans la sus-dite librairie et que tu remarques en tête de gondole des D.O.A réédités à tout petits prix (excellente initiative à souligner !).
Il faut bien le souligner, pour mon cas, il fut difficile de ne pas franchir le seuil de la boutique et de sortir quelques euros de ma besace pour acheter deux livres de cet auteur discret et apprécié.

C’est avec « Le serpent » qui a connu un vif succès l’année de sa sortie, que nous allons commencer à faire connaissance.

Dans le sud ouest de la France aux environs de Moissac, on y cultive davantage les vignes que les idées pluriculturelles.
Alors quand Omar Petit, un « nègre », rachète la ferme d’un ancien, y loge, en compagnie de sa femme et de sa fille Zoé, les regards et propos au café du village sont tout sauf imprégnés d’empathie.

Un viticole noir à mille pas de l’abbatiale romane, çà passe pas !

On est à deux doigts de former une coalition paysanne raciste pour chasser la famille qui résiste tant bien que mal aux exactions menées par ces paysans.
Heureusement, la détermination des résidants à résister est grande face aux actes, jusqu’alors isolés.
Au grand dam de la population locale, police y compris, un événement intrusif viendra briser la vie locale de cette bourgade du Quercy.
Trois cadavres retrouvés calcinés sur le chemin menant à la ferme des Petit. Rien que cela !

Il faudra peu de temps aux enquêteurs pour identifier les victimes. En l’occurrence il s’agira de narcotrafiquants colombiens. Diantre !
Mais que venaient faire précisément ces gus dans le vignoble du Tarn et Garonne ?
Pourquoi un français et des napolitains sont sur le coup à la recherche d’informations en même temps que les forces de polices locales ?
Qui est ce motard vêtu de noir, aperçu aux moments des faits et jamais retrouvé depuis ?

Autant de questions qui permettront de tenir le lecteur en haleine durant les 200 pages environ de ce roman bien ficelé.

Malgré qu’il soit écrit de manière vive et sèche, il en est pour le moins, loin d’être bâclé. Le rythme est soutenu de la première à la dernière page. Ce roman qui se décompose essentiellement en deux parties, - la captivité et la recherche – laisse le loisir au lecteur d’appréhender au mieux la personnalité des personnages.

Même s’il faut bien le reconnaître que la captivité est bien plus haletante que l’autre partie..

L’un dans l’autre les deux sont indispensables dans la construction du livre pour y trouver son compte.

J’ai dévoré ce livre à l’écriture si visuelle, que l’auteur* semble nous rappeler qu’il est aussi scénariste pour le 7^ème art quand il n’utilise pas son costume d’écrivain. (Pour info et, pour étayer le même sujet, ce livre a été porté à l’écran par Eric Valette. **)

Bonne lecture.

Bruno

*Pour retrouver l’interview du Nouvel Obs à la sortie du livre c’est ici : http://bibliobs.nouvelobs.com/humeurs-noires/20120322.OBS4340/doa-mes-livres-on-les-aime-ou-on-les-jette.html

** Pour en savoir plus merci de consulter l’article de La Dépêche.fr ici : http://www.ladepeche.fr/article/2011/04/17/1061080-eric-valette-tournera-son-prochain-thriller-a-moissac.html

EXTRAITS :

« «Le regard du paysan se porta vers une ligne de crête derrière laquelle, à un kilomètre à peine, se trouvait la ferme que le nègre habitait, avec sa femelle – quel autre nom pour une Blanche qui copulait avec un boucaque ? – et leur sale gamine. Parce qu'ils s'étaient reproduits, ces animaux-là !

Impossible de l'apercevoir d'ici et c'était aussi bien. Sinon, Baptiste Latapie n'était pas sûr qu'il y aurait pas fait une descente, à leur ferme. Pour en finir une bonne fois pour toutes. En plus, ils étaient isolés, ces cons-là ! Autour, il y avait plus que des résidences secondaires ou des gîtes et, en cette saison, tout était fermé.
Mais les autres avaient dit de plus s'approcher trop près, à cause des gendarmes qui tournaient dans le coin, depuis les dernières plaintes du père Dupressoir et du singe. Ils étaient même venus de Toulouse pour enquêter quand ça avait cramé. Et comme ils avaient rien trouvé, ils surveillaient.
Alors c'était la guérilla, comme ils disaient les autres, les Cathala, les Viguie, les Fabeyres et tous les exploitants qui voulaient pas de macaque au païs. À l'usure qu'ils l'auraient. Ici, ils y revenaient chacun leur tour, comme le mauvais temps.»

« Sous ses pieds, le sol dur, irrégulier. Gelé. Baptiste Latapie trébucha, se rattrapa de justesse au câble métallique d’un palissage, maugréa et leva les yeux vers le ciel. À peine un liseré blanc-roux incurvé et une ombre grise pour signaler que la nouvelle lune était là. La lumière cendrée, l’Ancien lui avait dit que ça s’appelait comme ça, un jour. Lumière cendrée, tu parles, un pauvre croissant de lune, oui, qu’éclairait que pouic. Il connaissait bien le coin, Baptiste, pourtant, mais là, on n’y voyait presque moins que dans le cul d’un nègre… »

Le serpent aux mille coupures de D.O.A

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