molosses

Alors que l'hiver s'installe dans le comté le moins peuplé de l'Etat le moins peuplé des Etats-Unis, Walt Longmire, son shérif, se voit confier une curieuse mission : celle de mettre la main sur le propriétaire d'un pouce abandonné dans une décharge. L'enquête devient rapidement haute en couleur, car Walt se trouve face à deux molosses qui gardent le terrain, à son vieux propriétaire loufoque et à un promoteur immobilier multimillionnaire qui cherche à prendre possession des lieux pour étendre son vaste ensemble de ranchs luxueux. Sans parler d'un jeune couple fleurant bon la marijuana, d'une vieille institutrice au charme incontestable, d'un perroquet dépressif et déplumé et de quelques cadavres qui viennent bientôt compliquer l'affaire.

Sixième roman de Craig Johnson dédié au Wyoming et à son shérif, Walt Longmire, Molosses est incontestablement le plus drôle.
Il faut dire qu'il commence par une scène absolument mémorable dans laquelle un vieux monsieur loufoque se trouve traîné dans la neige par sa belle-fille qui n'a pas vu qu'il s'était attaché au pare-choc pour monter sur le toit... Il finira sa longue glissade arrêté par une boîte aux lettres, et fort heureusement sans grands dommages.

Parce qu'on a la peau dure dans le Wyoming.

Et c'est parce que Walt Longmire va interroger Geo sur ce bien curieux incident qu'il va devoir résoudre une autre énigme. En effet, Geo va alors lui apprendre qu'il a trouvé un pouce dans une glacière servant manifestement à aller à la pêche.
Il faut dire que Geo tient la casse locale... ce qui en fait le propriétaire d'un lieu où toutes les découvertes sont possibles.

Les romans de Craig Johnson sont avant tout des romans d'ambiance. Il y règne un froid infernal, les distances sont souvent difficiles à parcourir, ce qui crée le rythme si particulier de ses histoires.

"On était lundi, la deuxième semaine de février, et les gens parlaient moins, parce que le vent leur arrachait les paroles de la bouche et les expédiait directement jusqu'au Nebraska.
J'avais une image de toutes les déclarations et conversations inachevées du Wyoming, empilés le long des talus jusqu'à ce que la neige les étouffe et qu'elles s'enfoncent dans la terre noire.
Peut-être renaissaient-elles au printemps comme les fleurs des champs, mais j'en doutais."

Molosses n'y échappe pas. Il neige, le froid est infernal et la ville semble comme endormie... Il faut dire qu'on se demande bien qui aurait envie de commettre des délits par de telles températures.
Voilà pourquoi cette enquête tombe à point et permet surtout à Longmire d'occuper ses adjoints et de convaincre l'un d'eux de rester au sein de son équipe.

Doucement, de la première scène absolument drôle et pittoresque, les éléments se mettent en place, les différents personnages prennent en épaisseur, l'humour potache laisse la place à une histoire plus noire et à l'humour qui lui convient mieux.
Ce tome laisse plus de place à l'histoire personnelle de cette communauté que l'on aime retrouver souvent, comme si l'on rentrait à la maison, laissant une fois de plus Longmire bien amoché mais toujours debout.

Craig Johnson offre une fois de plus un roman à la facture classique mais terriblement bien ficelé dans lequel il entraîne le lecteur grâce à son humour, sa poésie et son humanité dans une aventure qu'il sera impossible de mettre de côté avant d'en avoir lu les derniers mots.

Molosses de Craig Johnson

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