Moi Edouard, vieux garçon, maniaque et fier de l'être d'Edouard Moradpour

Mes Chers Vous,

Quand tu pointes ton museau comme auteur dans un salon littéraire, dit généraliste, souvent tu ne connais pas le quart des auteurs présents. Si en plus t’es l’un des seuls polardeux, tu te dis que tu es foutu.
Déjà, il n’y aura pas de pompes à bière, encore moins Norek et Lebel pour te faire marrer… Bref t’a pas tes copains.

Mais le propre de l’homme c’est quand même de communiquer avec son prochain, et d’essayer de tisser des liens d’amitié, voire plus si son prochain est prochaine affublée de chouettes nibards, mais ça, c’est une autre histoire.

A côté de moi un grand type qui n’arrête pas de se déplier quand il se lève. Le gars me fait sourire, en ce jour de mai, il fait bien chaud au château de Bizy[1], et lui porte un manteau de laine par-dessus une doudoune.  Dès qu’il signe un livre et offre un marque-page, il remet bien tout au carré. Puis surtout, son superbe Parker noir retourne dans poche, impossible de lui chourer, merde…

J’écoute son laïus, car oui Mes Très Chers Vous, nous autres auteurs, sommes des bonimenteurs culturels. Tout comme le gus qui veut vous vendre l’épluche carotte révolutionnaire lors de la foire exposition, il vous explique que son truc est révolutionnaire, qu’avec ça, les carottes ne souffrent plus d’être des légumes moches, mais deviennent des mets fabuleux.
Nous, ce sont nos écrits, nous tentons de vous convaincre que notre livre vous fera, peur, rire, frémir (mettez l’adjectif que vous souhaitez, cette liste est ouverte).

Et ce bon Edouard se moque de lui-même, il rit de lui et sourit de sa vie de « maniaque ».

On commence à causer, et là, il va jusque m’offrir son livre, aller payer son propre bouquin, pour le dédicacer et me le filer.

Il m’explique que c’est sa vie de tous les jours, narrée avec humour qu’il conte dans ce livre. Edouard est bouffé par les tocs. Il a des manies plus ou moins : étonnantes, marrantes, délirantes, extravagantes, énervantes, et un thé à la menthe.

Un gars qui possède tout en double, qui ne jette rien, pensez que le gars dispose même d’un Betamax (la moitié d’entre vous « googlise » déjà), ainsi que six magnétoscopes (l’autre moitié vient de capter que le Betamax est l’ancêtre du magnétoscope) …

Pour tout c’est comme ça, Édouard a tout en double, au minimum, la peur de manquer. Il a aussi une corde à nœud enroulé sur son balcon, en cas d’incendie, histoire de ne pas périr dans les flammes.

Ce petit livre est aussi drôle qu’Édouard est sympathique, puis il nous dédouane de nos propre tics et tocs… Moi qui me lave les pognes toutes les cinq minutes, qui vérifie moult fois si c’est bien le bon ISBN sur la maquette du livre. Moi qui tente, tout comme Édouard de ne pas oublier mon stylo fétiche lors des dédicaces. On se sent plus à l’aise. Surtout qu’il n’en souffre pas, loin de là, il vit avec.

Une mention spéciale pour sa collection de tapis, j’ai adoré.

Édouard et sa tacatacacatique du toqué, un livre euphorisant et sympathique…

C’est ça aussi le bonheur d’écrire et de faire des salons, croiser de gens sympathiques, drôles qui vous font passer un bon moment.

Moi Edouard, vieux garçon, maniaque et fier de l'être d'Edouard Moradpour
Michalon Editeur
En librairie depuis le 5 janvier 2017
161 pages, 15 €

Peut-on vivre heureux lorsque l'on est atteint de troubles obsessionnels compulsifs ? Edouard a la soixantaine, il est en bonne santé et il est heureux dans sa vie privée comme dans sa vie professionnelle. Et pourtant... Il a attaché une corde à noeuds à son balcon en cas d'incendie ; il ne voyage jamais sans sa trousse contenant 127 articles ; il a 18 parapluies de toute taille et une hache sous son lit ; il conserve depuis 40 ans sacs en plastique, boîtes de chocolat vides et diverses pièces détachées usagées ; sa cuisine est toujours remplie de produits non consommés automatiquement renouvelés avant leur date de péremption ; il a 40 boîtes de somnifère en réserve pour deux ans ainsi que 5 exemplaires du même portable préhistorique avec 11 batteries de rechange au cas où... 
Malgré cela, sa vie est tout sauf un enfer ! Car, oui, Edouard est bien dans sa peau ! Un témoignage thérapeutique, plein d'humour et d'autodérision, qui décomplexera les plus toqués d'entre nous et rassurera leur entourage...

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[1] Faillit ramener un souvenir à Mademoiselle C., mais la spécialité de Bizy c’est les envies… Bref revenir la voir avec une Envie de Bizy, je trouvais cela déplacé…