Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
CeciBon... de Lire
12 octobre 2017

Moi et ce diable de Blues de Lavaissière et Tabbi

Les avis de Petrosky

Mes Très Cher Vous,

Toujours dans le cadre des festivités de l’anniversaire de la ville du Havre, je vais vous causer d’un flic. Un flic alcoolique, et pas seulement, non, ce flic-là, il a toutes les addictions. Ou presque, « complètement politiquement incorrect », mais on se sent pris d’affection pour lui.
C’est pour vous dire, on en viendrait presque à lui coller une auréole (et pas sous les bras, il l’a déjà) et une paire d’ailes dans le dos, mais pas pour être un ange, non plus un petit démon comme Alexandre –Benoit Bérurier.

Une ancienne gloire de la police, tombée on ne peut plus bas, on ne sait pas vraiment pourquoi.

Le lieutenant Valdès est un drôle de personnage, qui jacte un argot mêlé d’espagnol, qui fréquente des milieux extrémistes.
Par contre son équipière c’est autre chose, une jeune recrue à la plastique de rêve, aux compétences hors-normes, policière intègre, Ivana Ivanovic est aux antipodes de Valdès, mais le duo de choc fonctionne, et c’est le principal.

L’action du livre se passe donc au Havre, mais aussi du côté d’Étretat, de Sainte-Adresse, de l’abbaye du Bec Hellouin… c’est donc dans ces doux paysages cauchois que nous allons partir sur les traces d’un tueur sériel. Sadique, qui se repaît à mêler ésotérisme religieux et barbarie dans ses meurtres.

Des personnages au passé sulfureux, un flic dévasté par la vie, un meurtrier venu de l’horreur… Voici les ingrédients de ce livre inqualifiable à mon sens, un mélange de polar, de roman noir, de thriller, une poésie vénéneuse qui pointe son museau à l’ombre de certains chapitres, ça « speede », ça brûle les doigts, un véritable exercice de style pour les auteurs.

Oui, parce que je ne vous ai pas encore dit, ils se sont mis à deux pour écrire cet opus, Richard Tabbi et Ludovic Lavaissière, nouveau couple littéraire. L’écriture à quatre mains n’est pas si rare que cela, pas mal d’auteurs se sont déjà prêtés à l’exercice, certains ont même commis plusieurs ouvrages ensemble, créé des séries, on connaît tous des duos comme : Preston et Child, Giacometti et Ravenne, Salvator et Adamo, etc.

moietcediable

Moi & ce diable de blues de Richard Tabbi et Ludovic Lavaissière
Editions du Riez
En librairie depuis le 15 mai 2012
18,90 €

Ancré dans l’atmosphère diluvienne du Havre, cité bunker aux cicatrices datant de la Seconde Guerre Mondiale, MOI & CE DIABLE DE BLUES, met en scène le Lieutenant Javier Valdès, personnage globalement déviant. Ex-gloire de la police, perclus d addictions, l’homme est en voie de clochardisation depuis que les flammes ont dévoré son épouse. L’enquête dont lui et son adjointe, Ivana Ivanovic, sont chargés, le plonge un peu plus dans les ténèbres. Crucifiées, décapitées, éviscérées, vidées de leur sang, les victimes hantent le lieut’ dans ses cauchemars gangrenés par l’esthétique nazie. L’ombre de Robert Johnson bluesman ayant vendu son âme au diable plane sur une histoire lardée de trips fantasmagoriques. L'ambiance y est plutôt "PARENTAL ADVISORY", on brûle la gomme à chaque page, l’humour disjoncté se taille une place au sein de la noirceur ambiante. La seule lumière provient de la blancheur des cadavres et du vif éclat de leur sang. L’essence du texte se trouve dans la sensation de la pluie qui crible les épaules des personnages, dans les odeurs de crasse et de bitume qui cognent leurs narines, dans la douleur qui frappe le lecteur à l’estomac lors de scènes où la violence se déchaîne.

 

Un extrait :

Quelques minutes plus tard, Valdès, accompagné d’Ivana, divorce du corps médical. Hirsute et frénétique, il s’engage sur la chaussée. Mais à peine a-t-il foulé l’asphalte qu’un goéland ventru perce un nuage et le crible de fiente.

AH ! Cabróóóóóón !

Valdès dégaine son Manhurin et couche l’oiseau en joue. BAM ! Le tir emporte l’aile gauche du gibier qui décline en spirale pour finir décalqué sur le bitume. Les pupilles dilatées par la dope, Valdès s’approche du piaf agonisant et vide le reliquat du barillet. Le foireux à plumes tressaute, comme s’il était branché sur du 380.


Stanislas Petrosky

Publicité
Publicité
Commentaires
CeciBon... de Lire
Publicité
CeciBon... de Lire
Visiteurs
Depuis la création 220 384
Newsletter
Publicité