La jambe gauche de Joe Strummer de Caryl Ferey

La jambe gauche de Joe Strummer de Caryl FEREY
Folio Policier n°467 (3 octobre 2011)
243 pages

Mc Cash, s'il n'est plus flic, reste borgne et dévoré par une colère aussi vieille que son premier concert des Clash, à Belfast, avant les grèves de la faim de Bobby Sand et les victimes du Bloody Sunday. Plus de femme, pas d'avenir, des illusions perdues. Un ophtalmologue l'informe que s'il persiste à soigner par la destruction tout ce qui l'entoure, il sera vite et définitivement aveugle. Belle raison pour en finir d'une lumineuse balle dans la tête! L'étincelle pourtant viendra d'ailleurs. 
Une lettre lui révèle qu'il est le père d'Alice. La mère est morte et c'est à lui désormais qu'il revient de veiller sur la petite. À peine Mc Cash est-il arrivé dans le village de sa fille qu'il trouve une autre fillette noyée. Alice vient le voir. Elle est le témoin qui dérange. Mc Cash, lorsque tombent les morts, redécouvre la peur et l'espoir mêlés. Lui qui voulait mourir mesure de plein fouet la valeur d'une vie. 
Celle de son enfant.

Dans le paysage du roman policier hexagonal, on ne peut compter sans Caryl FEREY. D’une part ses romans d’une grande qualité nous emmènent aux quatre coins de la sphère, et aussi de la sympathie que dégage l’auteur, derrière un côté Rock’n roll* bien sauvegardé.
Si l’on peut parler de série, Férey a écrit deux livres mettant en exergue Mac Cash, un irlandais résidant sur sol français. C’est du second opus de cette mini-série que je vous invite à rendre visite…

Mac Cash. Ça sonne bien Irlandais comme nom, et c’est le cas !

Rude gaillard d’1,88 m, l’homme est borgne et sanguin affublé d’être peu matérialiste car, pour ainsi dire, sa vie tient dans un sac de sport.
Il doit sa cécité à des échauffourées du temps où les manifestations, l’IRA, avaient de la vigueur à revendre. Lui-même, d’ailleurs fervent activiste de cette organisation, n’était pas le dernier du lot à y mettre son grain de sel.

Puis, plusieurs années plus tard…

Se retrouver à Brest où le soleil est aussi présent que les cheveux le sont sur le crâne de Yul Brunner , apprendre le décès du « grand » Joe Strummer, souffrir le martyr de son orbite oculaire abîmé, angoisser en repensant au départ de sa femme avec le premier venu sont autant de raison que l’ex-flic est un névrosé de la vie.

La cerise sur le gâteau est que notre loup solitaire ayant reçu une lettre d’une haute importance, décida de se rendre, par la force des choses mener son enquête qui lui sera fatale lorsqu’il découvrira le cadavre d’une jeune fillette noyée dans le Meu.**
Sans vraiment d’alibi, il se retrouve malgré lui soupçonné par la police locale d’être le coupable plutôt que témoin de ce morbide évènement.

Devant cette situation malchanceuse et poisseuse, Mac Cash décide dans un premier temps de se disculper puis chemin faisant dans l’avancement de ses recherches il viendra à en savoir davantage sur les circonstances étranges de la mort de cette fillette.

Pour être une figure de proue du Polar hexagonal avec un succès d’ailleurs mérité, je trouve ce livre un ton en dessous des précédents ouvrages que j’ai pu lire de l’auteur.
Evidemment, le contexte, le lieu et l’intrigue sont totalement différents de ce qu’il a pu nous proposer au préalable. Toutefois si ce n’est pas un mauvais roman c’est sans doute grâce à la profondeur des traits du personnage central du livre.
Mac Cash a quelque chose d’attachant en lui malgré la rugosité du bonhomme.

Cet assez court roman se laisse lire malgré tout et a éveillé en moi, grâce à ses titres de chapitres, d’assez bons souvenirs musicaux. Clash is back !

Bonne lecture.

Bruno.

 

• ·         *  Ci-après un article intéressant de l’Express à ce propos :   http://www.lexpress.fr/actualites/1/culture/caryl-ferey-roman-noir-et-attitude-rock_1780521.html
  
  
•  ·         **  Le Meu est une rivière française de Bretagne qui coule dans le département d'Ille-et-Vilaine et un affluent droit du fleuve la Vilaine. Il prend sa source à Saint-Vran dans les Côtes-d'Armor, coule vers l'est, et se jette dans la Vilaine au niveau du château de Blossac, au tripoint entre Chavagne (au nord), Goven (au sud) et Bruz (à l’est) .Sa source est très proche de celles du Ninian et de l’Yvel.  – Source Wikipédia –

EXTRAITS :   

 « Mc Cash avait refusé des enfants à Angélique, sa propre femme, sous prétexte qu’il n’en voulait pas, ce n’était pas pour en faire à la première venue parce qu’ils avaient couché ensemble ! Et même s’il allait avec la première venue, Carole lui avait bel et bien fait un enfant dans le dos : elle lui avait fait un enfant en long, en large et en travers !

 Mc Cash écrabouilla la lettre, la broya entre ses mains trop grandes, la tordit de toutes ses forces et balança le chiffon à la poubelle »

« Avec sa gueule de con, on aurait dit Sardou. »

Comments

[totalybrune]

Je l'ai lu il y a un moment mais je garde un excellent souvenir de ce roman de Caryl Férey