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16 mars 2016

Rural noir de Benoît Minville

ruralnoir

RURAL NOIR de Benoît MINVILLE
Editions SERIE NOIRE (Gallimard)
Sortie le 15 février 2016
245 Pages.

Adolescents, Romain, son petit frère Christophe, Vlad et Julie étaient inséparables. Ils formaient un " gang " et arpentaient leur cambrousse dans l'insouciance, entre bonheurs simples de l'amitié et petites embrouilles - un vélo qui disparaît, une bagarre avec la bande du patelin d'à côté... Mais un été, tout bascule. La rencontre de Cédric, un ado rebelle et nouveau venu dans la région, vient bouleverser l'équilibre du petit groupe. 
Vlad, jusque-là le " Captain " du " Général " Romain, est fasciné par Cédric le frondeur, qui ne connaît aucune limite, et s'en rapproche de plus en plus. La belle Julie, dont tous sont secrètement amoureux, est agressée par " le Dalton ", un marginal du village. Et c'est la fin de l'innocence... A la mort de ses parents dans un accident de la route, quelque temps plus tard, Romain décide de tout quitter. 
Après dix ans d'absence, il revient dans sa Nièvre désertée, chamboulée par la crise, et découvre les différents chemins empruntés par son frère et ses amis. Christophe, ancien militaire atteint de stress post-traumatique, vit désormais avec Julie, tous deux attendent un enfant. Vlad et Cédric, quant à eux, dirigent le trafic de drogue dans la région... Lorsque Vlad est retrouvé dans un champ, tabassé et quasiment mourant, le " gang " se reforme pour découvrir ce qui est arrivé et entrer en vendetta contre les coupables...

Benoît Minville est un fondu de musique Métal mais pas seulement, le barbu a d’autres cordes à son arc. Passionné de littérature, l’homme est libraire à la capitale, père de famille et écrivain.
C’est de son dernier livre et premier dans le domaine du polar que nous filons de ce pas, découvrir.

 Mouligny est un lieu dit de vingt-cinq âmes à tout casser perdu dans la Nièvre. On s’y tourne les doigts pour pas dire autre chose lorsqu’on est gosse, et la bande des quatre composé de Romain, Chris (son frère) Vlad et Julie (les copains) ne déroge pas à la règle.
Heureusement, il y a les étés, et lorsqu’on a 14 piges on improvise les conneries de plein air, comme regarder les filles et leurs seins en mouvement, boire quelques bières en se tapant un joint, piquer une tête dans les étendues d’eau. Bref, pas de quoi en faire des lacs !

Sauf qu’il y aura un jour un couac : Le Dalton alias Yves Joulas !

La petite raclure provinciale qui deviendra grande au fil de l’âge sera la source d’un drame, une dizaine d’années plus tard. 

Quand Romain rentre au village une décennie plus tard, il retrouve sa Nièvre bien changée. La désertification des villages et des commerces n’a épargné personne à l’exception de son frère qui vivote tant bien que mal en exerçant le labeur de potier tout en conservant la maison familiale. Julie est enceinte de Chris et, Vlad, quant à lui deale dur des stupéfiants tout en s’occupant d’une affaire locale. Il a le cœur sur la main pour ses copains, notamment ceux du gang des quatre, mais s’enlise terriblement dans les galères. Cela lui vaudra des ennuis irréversibles…
Le reste du gang des quatre fera le maximum pour réparer les dégâts ou plutôt pour appliquer une vengeance, au nom de l’amitié avec l’aide des filles de la bande, qui livreront des secrets profondément ancrés au tréfonds d’elles mêmes et peu facilement avouables… Le reste suivra dans une logique de haine implacable.

Dans ce roman noir et terriblement rural, l’auteur a choisit d’entrecroiser le passé et le présent autour des mêmes protagonistes dans le même lieu tout en prenant soin de souligner avec finesse les aspects sociaux et économiques du contexte. La paupérisation de ce groupe de jeunes individus devenus adultes est soulignée dans ce roman.
La nostalgie des bons souvenirs d’enfance laisse place à un climat mélancolique et très sombre que l’on peut retrouver dans certains ouvrages de la littérature noire du sud des Etats-Unis. Un climat poisseux qui est bien en place dans la seconde partie du livre et qui emmènera le lecteur inexorablement vers une fin tragique.

C’est une réussite pour cet auteur sympathique à la ville et toujours très soucieux de faire partager ses goûts littéraires à la ronde. L’altruisme qu’on lui connaît risquerait bien de se retourner en sa faveur, car libraires, blogueurs et auteurs reconnaissent unanimement la bonne facture de ce « Rural noir » écrit avec les tripes et les souvenirs, aussi !

Cela se ressent à plein pot et c’est certainement ce qui apporte le petit plus à l’ouvrage. A la vie, à l’amitié. A l’amitié, à la vie !

 J’ai apprécié ce livre qui, ma fois, poutre* bien !

 Bonne lecture.

Bruno.

 paysage Nièvre

 

Extraits :  

« - Je crois que j’ai encore mieux, une cousine m’a raconté : à Bernay, le Gilbert, il part un matin en courses, revient et s’aperçoit que le barbecue a disparu. Loin de s’alarmer, lui et sa femme pensent d’abord à un membre de la famille venu emprunter l’engin sans prévenir. Le lendemain : Le barbecue est à nouveau à sa place, avec un mot : « Excusez-nous, nous nous sommes trompés d’adresse, des amis nous avaient proposé de nous prêter le leur, nous sommes réellement désolés. » Avec une enveloppe qui contient deux places de concert pour aller voir je sais plus qui à Dijon. « Pour nous faire pardonner ». Le couple est aux anges et se fait son week-end concert. A leur retour : leur maison est vide. C’est le troisième en six mois dans la région. »

 

« L'été défile.
Pas vraiment celui que j'avais imaginé.
Vlad et Julie sont heureux. Ils passent pas mal de temps ensemble, trop. Le gang se voit un peu moins, c'est la première fois. Ils se sont fait gauler par je ne sais plus qui derrière le lavoir, et ça commence à se savoir.
Le petit de l'auberge, le voyou, et la fille du René, si ça lui vient aux oreilles, va y avoir de la casse. »

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Commentaires
T
Je note le titre. Merci Bruno.
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B
Merci Marie Claire.. Bonne fin de lecture... On peut en reparler sur ce fil, volontiers..Alex je ne connais pas votre chez vous. En l'occurrence il s'agit de la Nièvre.. Amitiés à vous 2. Bye !
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A
Un "rural noir" bien de chez nous ? Je suis preneuse.
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M
J'ai lu en partie la chronique de Bruno car je suis en train de lire ce livre qui me ravit.<br /> <br /> Je ris, je pleure, et je ne suis encore qu'à la moitié du livre.<br /> <br /> Merci pour ta chronique Bruno et ce que j'en ai lu me donne les frissons du livre, mais une fois la lecture terminée, je relis ce ressenti<br /> <br /> Merci :)
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