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13 mars 2016

La merditude des choses de Dimitri Verhulst

la merditude des choses couv (2)

 

 




LA MERDITUDE DES CHOSES de Dimitri VERHULST
Editions DENOEL (3.03.2011)
puis  Editions 10/18 pour l’édition de poche (7.02.2013)
216 pages

Dimitri vit chez sa grand-mère dans un trou perdu de Belgique, avec son père et ses trois oncles - soiffards invétérés et fans furieux de Roy Orbison. Entre deux cuites, des amours sales, une course cycliste nudiste et la ronde des huissiers, le clan des Verhulst parasite, fier de sa nullité. Une certaine forme de bonheur, qui ne convainc pas services sociaux...

 



Pendant que certains pourraient pérorer sur le titre de ce livre, de mon côté je me passe bien de vous donner mon avis sur le sujet.
Heureusement le texte qui compose ce roman est d’une toute autre mouture et c’est de lui que nous allons essayer de découdre.

Comment ce livre aux passages complètement barges a-t-il pu devenir un roman à succès ?

Dimitri vit avec son père Pierre et les trois frères de ce dernier dans un petit village des Flandres. Sa mère ayant quitté le domicile conjugal inopinément.
Jusqu’ici, on pourrait juger la situation «bateau » et même penser qu’il n’y a pas de quoi en faire un livre tellement la banalité est de mise en ce 21ème siècle.

Sauf que les résidents du lieu ont de bien curieuses pratiques qu’ils développent sans aucune  retenue devant le jeune homme aux treize printemps.
La fumée, la crasse, et les vapeurs d’alcool sont les principaux ingrédients du taudis. L’ambiance, elle est variable selon l’état d’ébriété familial mais il est  bien rare qu’une scène de débauche n’ait pas son quotidien.

Malgré l’atmosphère nauséabonde du cloaque, Pie (surnom de Pierre) reçoit à domicile des filles traînées ou entraînées lors de sempiternelles tournées de bars du village. Tout le monde logeant dans la même piaule, on peut imaginer aisément odeurs et bruits indélicats.

Chez ces paumés, on ne transgresse pas les règles, il n’y en a pas !

Dimitri regarde, s’informe puis subit les scènes. Lorsqu’un jour au petit matin une belle qui dépeint au tableau habituel demande à parler au paternel de Dimitri. Tout le monde pense à la maison que Pierre a mis la main sur un gros poisson.
Pensée de courte durée lorsque celle-ci se présentera : Assistante sociale en charge des jeunes enfants. Cà calme !

Est-ce ce facteur qui déclanchera d’un coup de tête l’idée à l’insatiable buveur de bières de se rendre dans un centre de soins psychiatrique pour y subir une cure de désintoxication ?

Dimitri n’en croit pas ses oreilles, jusqu’au jour où Pierre se rend en compagnie des siens jusqu’au portail de l’institut…

Il s’agit d’un livre à la fois loufoque et agrémenté de psychologie sociétale. Ce gamin a toutes les raisons d’haïr un père qui ne compte guère de qualités, et pourtant il se veut spectateur et d’une bienveillance cachée.
Dans cet univers particulier où cette famille de buveurs invétérés est capable de tout sans aucun scrupule. Organiser un concours du plus grand buveur afin de figurer au livre Guinness des Records ou mettre sur pied un Tour de France éthylique à vélo ne dérange aucunement ce genre d’individus.

Oui ! On est bien chez des barges, des socialos qui se revendiquent comme tels, des types hors normes vivant en marge des biens fondés de notre Société.

C’est avec une ironie grinçante que l’auteur* aborde les sujets de la solitude, de la misère et de l’alcoolisme dans une famille désoeuvrée à travers les yeux et les pensées d’un môme.

De drôles de souvenirs d’enfance qui sont devenus l’essence d’un récit autobiographique qui a assuré le couronnement et le succès de ce livre.**

Bonne lecture.

Bruno.

la merditude image extraite du film (2)

          * Autres ouvrages de cet auteur ici :   http://www.denoel.fr/Contributeurs/Dimitri-Verhulst

 

          **   Le livre a rencontré effectivement un vif succès et a fait l’objet d’une adaptation cinématographique réussie :       http://www.allocine.fr/film/fichefilm-145947/critiques/presse/

 EXTRAITS :   

 « Mon père était un socialiste et mettait tout en oeuvre pour être reconnu comme tel. Posséder, pour lui, signifiait "plus à épousseter". Posséder vous possédait, jamais l'inverse. Si, grâce à une épargne imprévue, nous menacions de terminer le mois avec un petit surplus d'argent, il vidait le compte bancaire et buvait tout ce qui restait pour nous protéger des tentations du capitalisme. »

 « Une vie foutue, voilà ce que fut la sienne. Si l'humanité devait être divisée en deux groupes, nous nous serions retrouvés dans la catégorie des Roy Orbison, garanti sur facture. »

 « Je n'avais encore jamais rencontré plus grand pédophobe que moi, mon dégoût pour les bébés était si grand que j'étais fui par les amies qui s'étaient entre-temps déjà reproduites dans un petit être à propos duquel aucune critique ne pouvait être prononcée, qui était intelligent pour son âge, qui savait déjà bien parler, bref, un nouveau Einstein. Personne n'avait crié comme moi sur les toits qu'il ne voulait pas d'enfant, et voyez, à un jet de pierre quelqu'un subissait les douleurs usuelles pour forcer un enfant, mon enfant, à venir au monde. Un comble de ridicule. Comment avais-je pu, toutes ces années, croire avec tant de certitude que ma fertilité allait se plier à mes convictions, que le refus de mon cerveau allait essaimer dans mes testicules ? Le personnage que j'étais devenu ne pouvait qu'être inventé par des auteurs de tragédies grecques ou des scénaristes de sitcoms où la logique des comportements est soumise à la stupidité. Il y avait encore une petite chance que le bébé arrive mort-né, ou vienne au monde handicapé à tel point, un monstre chimérique, un légume au besoin, qu'il soit jugé non viable. En ce cas, j'aurais des difficultés à dissimuler ma joie. Mais même si j'avais cru en Dieu, il était peu probable qu'il eût tendu l'oreille à une prière demandant: s'il te plaît, s'il te paît, un enfant mort-né. Le meilleur qui pût m'arriver, c'était que là tout de suite un petit mulâtre fût déposé dans mes bras par des infirmières pleines de compassion. Je n'aurais à expliquer à personne, alors, pourquoi je prenais mes cliques et mes claques, tout le monde aurait pitié de moi, me soutiendrait, quand bien même les antécédents seraient exactement les mêmes. Quelqu'un a-t-il jamais espéré autant que moi avoir été trompé ? »

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Commentaires
C
Je n'ai qu'une chose à dire : précipitez-vous sur cette pépite ! Enfin...sur ces deux pépites. Car si le bouquin est bon, le film, lui est cultissime ! En tout il m'a secoué. Je ne peux que vous le conseiller !
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A
Le titre y est sans doute pour quelque chose également.....
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