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3 janvier 2016

Nuit de fureur de Jim Thompson

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NUIT DE FUREUR de Jim THOMPSON
Editions Rivages Noir N° 32
(1ère parution USA 1953)

30 000 dollar pour éliminer "accidentellement " une balance, voilà un contrat que Little Bigger ne peut refuser. Mais quand on mesure un mètre cinquante, qu'on paraît dix-sept ans au lieu de trente, qu'on est presque aveugle et en train de crever de la tuberculose, le métier de tueur professionnel n'est pas vraiment de tout repos. Et si en plus on doit compter avec deux beautés fatales, alors là...

 

 



Aimer le polar et revenir aux fondamentaux ! Vous avez sans doute perçu cher lecteur (trice) que parmi les chroniqueurs de ce blog, j’étais certainement le plus fondu de littérature policière.
Mes  derniers papiers étaient plutôt axés sur des nouveautés, et j’ai voulu déjouer un peu l’ordre des choses en m’imposant un agréable flashback en fouinant dans les étagères de ma bibliothèque.
Les Thompson de chez Rivages Noir sommeillaient là depuis trop longtemps, j’ai donc décidé d’en sortir un de sa cachette et de vous en causer deux mots.

Quelque part dans les années 40 dans l’Amérique profonde à Peardale*, Carl Bigelow a tout du looser. Un mètre cinquante à tout cracher - y compris talonnettes s’il vous plait -, tuberculeux à en cracher du sang, dentiers et lunettes en garnitures d’apparat. Alcoolique aussi pour le coup ! 

Quand il se rend dans cette petite ville sans vraiment d’âmes où le sheriff n'est pas bousculé par les affaires en cours, c’est officieusement pour reprendre ses études et s’inscrire à l’université locale. Cette dernière n’étant pourtant auréolée comme ses consoeurs new-yorkaises, il faudra donc y voir une autre raison à sa venue dans ce bled.
La raison primordiale est que Bigelow est chargé d’un contrat auprès du Patron : Descendre un certain  Jake Winroy qui traînait ses guêtres dans un procès de paris truqués et qui pourrait encore balancer quelques noms à la volée depuis sa sortie de tôle.
C’est donc en résidant dans la propre maison de Winroy, qui, par voie de faits devient une pension de famille improvisée, que le pseudo étudiant prendra ses appartements.

Fay, l’épouse du logeur n’ayant pas froid aux yeux, ni à la culotte, ne tardera pas à lier connaissance avec le jeune tueur à gages. Ruth l’étudiante béquillarde qui exerce les tâches de cuisinière du domicile et Kendall enseignant oisif à la retraite sont les autres pensionnaires du lieu.
Carl Bigelow devra composer avec pour échafauder un plan. Avec ou sans eux, car la méfiance ou plutôt la paranoïa grimpante de Carl lui suppose qu’un des membres de cette petite communauté est un des sbires du Patron dépêché sur place pour le surveiller.

Les jours passent, la passion de la gent féminine de l’habitat envers le trentenaire (qui en parait dix-sept) augmente, tout comme la tension entre Jake et Carl, qui est palpable à souhait. L’un évitant l’autre. Tandis que l’un noie son spleen et ses craintes dans l’alcool  avant de regagner son domicile, l’autre redoute que sa proie ne lui échappe maladroitement avant que son contrat  ne soit  rempli.

30000 dollars à la clef, tout de même ! Ce n’est pas rien.

Malgré son empathie et sa bonhomie faussée qui lui assure une image dorée parmi les habitants du village, Bigelow n’en est pas à son premier coup et seul le sheriff, au nez et à la barbe de sa femme, émet au fond de lui-même quelques suspicions envers cet étrange petit bonhomme…

C’est avec un grand plaisir que j’ai retrouvé la prose** de ce maître du polar à l’américaine, toujours parsemée de personnages éclopés, déracinés, éloignés à cent mille miles du mythe du rêve américain. Les dialogues entre cette kyrielle de personnages valent leur pesant d’or.
L’hypocrisie, le mensonge, l’adultère, la méchanceté et l’appât du gain sont autant de traits de caractère des protagonistes de cette Nuit de fureur en nous rappelant au passage les sombres et pernicieux comportements des individus de l’espace humaine.
C’est ce côté-là qui a toujours intéressé l’auteur à travers son œuvre. Ce roman ne déroge pas à la règle, croyez moi sur parole !

La fin du livre un peu tordue et complément inattendue ne vous laissera pas dubitatif, et signe là un véritable « coup de patte » comme seuls savent le faire les grands…

C’est sans regret que j’ai replongé dans mes vieux Rivages Noir***. Comme dit  l’autre c’est dans les vieux plats qu’on fait des bonnes soupes. Tellement vrai ! Aimer le polar et revenir aux fondamentaux…

Bonne lecture.

Bruno

jim thompson

  • * Cette ville se situe à environ 50 kms de New York.
  • ** Publié tout d’abord à la Série Noire le roman, la première traduction s’en est trouvée syncopée et  jugée trop argotique. Sous l’égide de François Guérif, Jean-Paul Gratias retraduit donc cet ouvrage (et d’autres) lui redonnant son vrai visage.
  • *** Pour en savoir + sur les ouvrages parus chez cet éditeur, c’est ici : http://www.payot-rivages.net/livre_Nuit-de-fureur-Jim-Thompson_ean13_9782869300897.html

 

EXTRAITS :

  « J'avais dû attraper froid en changeant de train, à Chicago. Et les trois jours à New York - passés à baiser et à picoler en attendant de voir le Patron - n'avaient sûrement rien arrangé. Si bien qu'en arrivant à Peardale, je me sentais vraiment vaseux. Pour la première fois depuis des années, il y avait de légères traces de sang dans mes crachats. »

 " Le seul problème, quand il s'agit de tuer, c'est que c'est tellement facile. Vous finissez par le faire presque sans réfléchir. Vous tuez au lieu de réfléchir. »

 « Quand le seul choix qui vous reste, c'est d'être un type bien, mais mort, ou un salaud bien vivant, vous êtes prêt à faire des heures supplémentaires pour devenir une parfaite ordure. »

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