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4 octobre 2015

Chiennes de Marie Vindy

9782358871044FS

CHIENNES  de Marie Vindy
Editions de La Manufacture des Livres (Août 2015)

Simon Carrière, policier, a planté le gyrophare sur le toit de sa voiture, seule alternative pour se rapprocher au plus près d'une scène macabre. Toute la cité est bloquée et tous ses habitants présents : jeunes encapuchonnés et pères de famille en une masse compacte, encore sous le choc, mais près à en découdre. Les femmes et leurs enfants aux fenêtres ou hululant depuis les balcons : une jeune fille du quartier vient de se suicider...Le capitaine Humbert enquête lui sur la disparition d'Aude : elle a été exécutée pour une embrouille de stups. 
Reste la violence de sa mise à mort. Il y a certainement autre chose derrière tout ça. Séquestrations, violences, balances et autres coups bas, c'est le lot du trafic de stups. Mais Dijon, ce n'est pas encore Marseille, Paris, Lyon ou Grenoble... La dope, ici, ce sont quelques familles, dont des membres sont en contact avec des grossistes basés dans des villes plus importantes. Il y a eu de belles affaires, mais on voit surtout des groupuscules plus anarchiques, quelques lascars qui font des trajets en Hollande pour ramener du produit, jusqu'à ce qu'ils finissent par se faire serrer par la douane volante à Gevrey-Chambertin. 
On est loin de la French Connection... A moins que les forces de l'ordre ne soient tout simplement trop aveugles pour voir dans ces gosses élevés de travers, pervertis par le fric facile des trafics et entraînés aux luttes viriles et à la violence, l'ombre d'une réalité inéluctable où le viol serait pratiqué comme une arme dissuasive, une arme de pouvoir aussi destructrice qu'une kalachnikov. Tournantes, violences faites aux femmes par des trafiquants de stupéfiants, disparitions de jeunes femmes : mélangeant plusieurs intrigues très contemporaines et nourrie aux faits divers qui ont défrayé la chronique judiciaire, Marie Vindy nous plonge dans un univers à la fois d'une grande proximité - une région et son quotidien avec des personnages auxquels il est aisé de s'identifier - et glaçant par la noirceur qu'il révèle. 
Son plus grand roman noir. Chiennes nous permet de retrouver les personnages croisés dans une Femme Seule et Cavales : l'action se déroule au sein de la section de recherches de la gendarmerie nationale. A noter prochainement la parution de la trilogie chez J'ai Lu et une adaptation audiovisuelle en cours chez Labyrinthe (l'affaire SK1).

Retrouver Simon Carrière à travers la plume de la Dijonnaise Marie Vindy fût un plaisir pour ma pomme.

Le décor, sur le fond, est presque que le même puisqu’on rôde, tout comme les protagonistes du roman, autour de la préfecture de la Côte d’Or.
Sur la forme c’est différent aux précédentes enquêtes du commandant Carrière, car cette fois-ci c’est la Femme qui est au centre du roman ou plus particulièrement un thème qui est chère à l’auteur « le viol et la maltraitance des femmes ». Le tout orchestré par une énigmatique enquête que je m’efforcerais de ne dévoiler qu’une infime partie.

Dijon, c’est pas Paname ou Massilia, mais on y compte des barres d’immeubles, des loosers et trafiquants  en tous genre quand même. Ce jour, c’est l’agitation dans la cité, et pour cause, une mineure se défenestre. Macabre scène pour les habitants et pour le Commandant Carrière dépêché sur les lieux afin d’en découdre avec le cadavre de la jeune Malika. Un suicide d’ado probablement !
A 16 ans, les neurones s’émoustillent un peu trop vite dans les encéphales. Quelques temps plus tôt, c’était le corps quasi nu d’Aude Marchand que l’on retrouvait dans un piteux état dans un village aux alentours : Une balle dans la tête, le corps frappé et violé. Cà a pas dû être jour de fête pour cette fille de bonne famille. 18 ans, ce si bel âge !
Le capitaine de gendarmerie Humbert est sur le coup pour élucider  le meurtre de la jolie blonde. Marianne sa compagne, folle de chevaux et pas loin de devenir folle tout court, n’est pas prête de l’avoir à ses côtés, d’autant plus qu’une certaine Najila du même âge que la jeune suicidée est portée disparue. Go Humbert go !

Carrière et son associée Monique Randell ne tardent pas à associer les 2 événements et s’interrogent sur l’hypothèse d’y adjoindre le troisième. Humbert s’y colle également et l’ensemble ratisse large en n’épargnant ni voisins, amis et famille des deux cadavres. Une ancienne connaissance devenue intime* sera un maillon fort dans l’avancement de l’enquête.
Elle s’appelle Marie-Shan Li travaille dans l’ombre en parallèle sur cette enquête pour les beaux yeux de Carrière. Une vraie veine qui les enverra de Dijon vers Arles en passant par un lupanar en terre helvétique.

Sacré détour me direz vous ?

Noelle Rondot la journaliste locale est une fouine qui glane vite (trop vite sans doute) les infos et les publie (trop vite sans doute aussi). Ce qui a le don d’agacer les enquêteurs. Il faudra toutefois faire avec elle, cette fouinarde est un petit stratège à elle toute seule.

Pendant ce temps où gît Najila ? Qui a tué la fille de l’avocate Marchand ?  Pourquoi Malika a mis fin à ses jours ?     

Chers lecteurs de CCBDL je vous recommande de lire cet ouvrage récemment publié à la Manufacture des Livres pour connaître le déroulement et l’issue de cette  nouvelle enquête du Commande Carrière.

Ce polar bien noir ne laisse pas de répit au lecteur et aborde sans détours la tension des quartiers, la prostitution forcée, les ravages de la came, la peur des représailles.
L’auteur a voulu faire entendre que les réseaux de prostitution touchant les femmes de plus en plus jeunes sont parfois construits sur de bien maigres pilotis et font des ravages collatéraux. Difficile d’en sortir !
Adriana Scheder, un des personnages du roman, est une miraculée qui d’ailleurs desservira l’enquête grâce à ses témoignages d’une âpreté à toute épreuve.
Poignant et rageant, comme l’écriture de Marie Vindy qui s’aiguise au fil de son œuvre. C’est dur, c’est cru, et si proche de la vérité qu’on en détesterait les auteurs de ces barbaries devenues quasi légitimes dans ce milieu.

«  …….il adore çà faire tourner ses copines et mater. »

D’un  côté opposé, Marie Vindy humanise ses personnages et cela donne du relief au roman. 

La dijonnaise montre une fois de plus qu’elle est bien en place parmi les auteurs de polars qui ont quelque chose à revendiquer comme l’ont fait ses prédécesseurs (Thierry Jonquet pour n’en citer qu’un par exemple).

Ce livre a été écrit avec les tripes, cela se sent et en découle sa réussite.

Bonne lecture. **

Bruno

femme-violée-                   

  • *Marie-Shan Li est criminologue particulièrement spécialisée en psychologie. On l’a retrouve notamment dans un autre ouvrage de l’auteur « le sceau de l’ombre ». où l’on en sait plus sur leur idylle.
  • ** Pour en savoir plus sur l’auteur c’est ici :    http://www.marievindy.com/
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Commentaires
T
Je ne connais pas mais ce roman a l'air prenant. Merci Bruno
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