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2 août 2015

Quand Bruno rencontre Ian Manook....

ianmanook

Bonjour Ian Manook,

je vous remercie pour ces quelques minutes passées en notre compagnie.... C'est parti pour la première question.

1/ Je considère que votre écriture est plus fédératrice que sulfureuse. Êtes-vous d'accord avec ces propos ? Et n'est-ce pas la clef du succès rencontré ?

Ça commence mal car je ne comprends pas très bien la question. Je n’ai jamais cherché à écrire  quelque chose de sulfureux, ou d’une manière sulfureuse. Même les thèmes que j’aborde ne le sont pas. D’un autre côté, il est évident qu’un large succès se cristallise, par définition, autour d’une écriture fédératrice. Maintenant si la question est de savoir si j’ai cherché à écrire de « façon fédérative » pour courir après le succès, la réponse est non. En fait, au niveau de l’écriture, j’écris pour moi. Pour que mes mots et mes phrases me plaisent, et de façon assez égoïste sans trop penser au lecteur. Pour l’histoire et le thème par contre, j’écris pour les lecteurs, en essayant de construire une intrigue dont je me dis qu’elle leur plaira et les surprendra. Peut-être que la clé du succès est là plutôt que dans le soufre : une écriture égoïste au service d’une intrigue généreuse…

2/ Yeruldelgger est un personnage qui est empreint de beaucoup de profondeur. D'où vient-elle ?

Dans un premier temps, j’ai besoin d’aimer mes personnages alors je m’attache à leur donner de l’épaisseur. Mais très vite ils m’échappent et ce sont eux qui creusent dans cette épaisseur pour créer leur propre profondeur. C’est un mécanisme assez complexe dans lequel l’auteur reste toujours, au final, le maître de ses créations, mais au cours duquel les personnages imposent des traits de caractère qui leur sont propres. Pratiquement ça se traduit par des digressions qui peuvent être considérées comme inutile à l’action, et une certaine école du polar a eu tendance à limer ces digressions pour rester dans le droit fil de l’action. Donner de la profondeur au personnage revient souvent à garder ces digressions qui se glissent sous la plume sans autre utilité que de faire vivre le personnage, aussi,  en dehors de l’action.

3/ Ce personnage principal colle à la peau désormais de votre lectorat. Sera t-il possible pour vous aussi d'en sortir aisément ?

J’y travaille avec acharnement. Yeruldelgger est humain, et donc, comme tout un chacun, mortel. Donc il peut mourir, et il mourra très certainement un jour. Le succès des Temps Sauvages, après Yeruldelgger, montre que j’ai séduit mes lecteurs avec la Mongolie et Yeruldelgger. Mais j’espère les avoir séduits aussi par mon écriture et ma capacité à construire de belles intrigues. Si c’est le cas, le jour où Yeruldelgger sera mort, j’espère qu’ils me suivront ailleurs avec d’autres héros. Quand on écrit deux best seller à 65 ans, on ne cherche à construire ni une carrière, ni un œuvre. On cherche juste à écrire avec plaisir des livres qui donnent du plaisir. Quel que soit le personnage. Et puis de la même façon que j’ai un peu surpris et séduit les lecteurs et les libraires avec la Mongolie, pourquoi je ne pourrais pas les surprendre encore avec quelque chose de complètement différent ? Tentant comme challenge, non ?

4/ Votre tournée marathon de promo ainsi que les remises de récompenses n'altèrent t'elles pas votre travail et votre créativité ?

C’est sûr que 15 prix des lecteurs pour Yeruldelgger dont les trois plus importants la même année et pour un premier roman, ça a entraîné une tournée importante. J’y participe avec plaisir pour deux raisons. La première, c’est de « faire mon boulot ». Je dois en grande partie mon succès à un éditeur qui a cru en moi, à des libraires qui ont aimé et relayé mon roman, et à des lecteurs qui lui ont fait un excellent bouche à oreille. La moindre des choses est de payer un peu de ma personne pour les en remercier, tous autant qu’ils sont. La seconde raison c’est qu’il se trouve que je suis disponible et que j’aime ça et qu’en plus j’ai la grande chance de me déplacer en couple avec ma femme. Bien sûr, cela prend sur mon temps, et notamment mon temps d’écriture, et il va falloir que je lève un peu le pied si je veux finir à temps le Yerul 3. Et j’espère que tout le monde le comprendra.

5/ J'ai cru comprendre après lecture d'une ITV qu'après ce cycle policier vous pourriez rebondir vers d'autre horizons littéraires. Est-ce vraiment envisageable ?

Il ne faut pas oublier que le polar n’était que le quatrième genre sur une « liste à écrire » et que normalement, après Yeruldelgger, j’aurais dû m’attaquer à une saga historique, puis à un roman de société etc. J’ai sur une clé USB 18 manuscrits en cours dans un peu tous les genres, et vu mon âge, je n’ai pas un demi-siècle devant moi pour tout essayer. Je n’ai rien décidé encore de ce que sera mon programme d’écriture après le troisième Yeruldelgger. Ni si ce sera le dernier, ni si je passerai à un autre genre. Ça reste très ouvert dans mon esprit…ce qui est une autre façon de dire que c’est envisageable. 

6/ Vous connaissez maintenant bien cette nouvelle famille du polar français. Un petit mot là-dessus ?

C’est comme une famille orientale, pour ne pas dire arménienne : très nombreuse, faite de personnalités très diverses, mais unie comme un clan. J’ai la chance d’y être entré par hasard mais par la grande porte, et d’être à la fois proche des anciens par mon âge, et des jeunes par le fait d’être un  « bleu » dans le métier. Je m’y amuse beaucoup, j’y lie de belles amitiés, et je découvre surtout un monde littéraire où vivent, ou quelques fois tentent de survivre, des plumes magnifiques et que j’admire. Bref je me sens bien dans cette famille-là et j’espère qu’elle m’aura bientôt complètement adopté même si j’ai déboulé chez eux un peu façon OVNI dans un lâcher de montgolfières.

7/ Enfin pour conclure, une question futile et culinaire. En sachant que l'oviraptor n'est plus de ce monde en Mongolie, quels œufs la population locale mangent t'elle ? 

La poule, donc l’œuf, est incompatible avec la vie nomade. La poule est un animal de fermier sédentaire par excellence. Même si les nomades se sédentarisent de plus en plus physiquement, ils restent encore culturellement des nomades. L’œuf ne fait donc pas partie de la tradition culinaire mongole et est presque considéré comme un plat d’exception exotique même dans les meilleurs restaurants d’Oulan Bator. De culture chamanique par ailleurs, les Mongols ont un grand respect pour l’équilibre naturel et, même dans les régions boisées du nord, ne touchent pas aux œufs des oiseaux sauvages. En fait, ils n’ont bel et bien que des œufs fossilisés de dinosaures du côté de Flaming Cliff…

Merci, Ian Manook, d'avoir répondu à ces quelques questions.

Bruno.

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Commentaires
C
Merci pour ce bel entretien chère Cécile et cher Bruno
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T
Merci pour ce petit moment avec le monsieur ;)
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