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5 juin 2015

Crocs de Patrick K. Dewdney

crocs

 




Il emprunte la glaise des sous-bois et la fange des tourbières. A l'heure qu'il est, on est probablement à ses trousses. Sa course vient parfois frôler la balafre humaine : les villages endormis, l'asphalte visqueux des routes. Le cabot l'escorte. La pioche meurtrit son épaule. Comme il n'a aucun autre compagnon, c'est à eux qui murmure le Plateau, les hommes qui traquent et qui déchirent, les trajectoires perdues et les mémoires effacées. Quelque part à l'issue du chemin, il y a le Lac, Le Lac et le vacarme du Mur. Qui attend.

 

 

Quand La Manufacture de livres crée sa collection "Territori", elle a pour but d'offrir aux auteurs français la même qualité éditoriale que la célèbre maison d'édition Gallmeister le fait pour les auteurs américains du natural writing.
Le pari est audacieux mais emporté haut la main puisque La Manufacture de livres réussit à créer un objet magnifique. La couverture est simple, belle mais terriblement révélatrice de l'histoire. Le papier est agréable au toucher.

Et aujourd'hui, cette jeune collection s'enrichit de Crocs, le nouveau roman de Patrick K. Dewdney.

Impossible de classer cette histoire dans un style quelconque, et cela tombe bien puisque l'auteur n'aime pas les cases définies.
Quoiqu'il en soit, c'est une bien sombre histoire que nous offre ici Patrick K. Dewdney.

Écrit à la première personne, le lecteur est invité à mettre ses pas dans ceux du narrateur. Il s'agit d'un homme qui marche, accompagné d'une pioche et du Cabot.
Au fil des pages, doucement se dessine son portrait, distillant les petits détails qui permettent de comprendre pourquoi cet homme arpente la forêt lémovice.

Est-ce un fugitif ? un marginal ? un homme perdu ?

Il faudra se laisser porter par l'écriture de Patrick K. Dewdney pleine de poésie, de fureur quelquefois pour le découvrir.

Il faudra accepter les phrases courtes qui donnent un sentiment d'urgence, qui laisse essoufflé.
Il faudra se plonger dans cette nature, belle, douce et majestueuse qui protège, nourrit,et que l'on détruit.

Une ode à la beauté de la Terre, à nos envies de Liberté trop souvent brimées pour rentrer dans le cadre.

 Un texte magistral qui pousse à sortir du troupeau, à ne plus accepter d'être un mouton.

Un texte, juste magnifique !

"Comme l'homme aime courber ce qu'il peut, je me dis tout bas.
Même usé et chancelant, même quand il n'a plus de dents pour mâcher, plus de force pour saisir ou bander,
et que son sang pourrit dans ses veines grasses, toujours il voudra soumettre, ordonner et faire sens.
L'illusion de la puissance doit être maintenue jusqu'au bout."

 

 

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Commentaires
A
Un texte hors des sentiers battus ? Je suis preneuse.
Répondre
B
Livre d'exception ! Quelle écriture !
Répondre
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