Je suis mort il y a vingt-cinq ans de Jérôme Soligny

Je suis mort il y a 25 ans de Jérôme Soligny
Editions Naïves 2011 en poche
Editions La Petite Vermillon - Mars 2014 N° 395

Je suis mort il y a vingt-cinq ans. A vingt-cinq ans. D'une mort pas belle. D'abord tombé, le bec dans le sable, sur la plage de Coney Island. Désolé, Mr Reed, même avec la meilleure volonté du monde, je n'aurais pas pu "jouer au football pour le coach" ce jour-là. Mal allongé, j'ai failli en rire.

La roue tourne...La couverture de ce roman est à chier ! Son contenu le contraire.

L'homme a délaissé quelque temps ses différentes casquettes de journaliste musical, parolier, musicien pour endosser celle de l'écrivain.
Entre fiction et témoignage ce petit livre aux 114 pages nous plonge dans le début des années 80 et particulièrement dans la peau d'un jeune homme aux 24 printemps atteint d'une maladie que l'on montrait du doigt à l'époque : le SIDA.
Je vous rassure cher lecteur de CCBDL , Soligny ne fait pas l'apologie de cette maladie et n'emprunte pas de raccourcis faciles tel qu'il aurait pu le faire en citant les Nuits Fauves ou autres classiques du genre. Non !

L'auteur écrit avec sa plume mais pas seulement, surtout avec son cœur.

On s'y retrouve bien dans la peau de ses personnages. Il y a d'abord Christophe.
C'est Christophe Whisky Coca qui bidouille des chansons sur son studio 4 pistes pris en tenaille entre guitares et synthés.
Il y aussi Yann le breton, pote invétéré du premier cité. Un spécialiste des allers-retours Paris-Le Havre. Yann c'est le Chansonnier montant. Il y a les filles aussi....Ah les filles et leurs cœurs parfois guimauve, souvent acidulés.
J'allais oublier le Depardieu, un toubib à la gourmette de 3 kilos, aux blagues grasses souvent indélicates et qui n'est pas vraiment en adéquation avec le serment d'Hypocrate..

Soligny écrit comme il pense. Ses phrases sont souvent courtes et empreintes de vérité. A travers les propos et l'attitude ainsi que les lieux où le narrateur nous emmène on sent bien la transposition de l'auteur qui s'y est glissé subtilement. C'est là tout le talent qu'on puisse conférer à Jérôme Soligny, et l'en remercier !
Car cette fiction (pas tant que cela, faut-il le souligner !) ne peut laisser le lecteur indifférent face au déroulement de vie de ce jeune rocker happé par les affres de la maladie. Pourtant malgré le contexte on ne s'installe pas que dans la maladie et le milieu médical. Même s'il faut le reconnaître, ce roman n'est pas une ode à la joie. Il y a de la vie certes. Il y est beaucoup question d'amitié. Il y a de la musique aussi, mais en substance, car avec beaucoup de pudeur l'auteur ne nous assomme pas de références musicales et a su faire la part des choses par rapport à son job (journaliste et conseiller chez Rock'N Folk) Il y a aussi dissimulé de nombreuses références cinématographiques.

On l'a bien compris, ce roman court et incisif, arrogant parfois (la météo Havraise vue par les Rouennais nous vaut une belle tirade mais piquante comme un bourdon en folie !) n'est pas une gloriole aux années 80, mais plutôt une autre facette de cette époque et surtout un pan de vie, l'histoire d'une amitié brisée et pour cause...

Si vous croisez en photo ou de visu, Jérôme Soligny, vous le trouverez dandy, très certainement influencé par son idole et ami David Bowie, mais par pitié ne le snobez pas et encore moins ce petit livre que j'ai dévoré. Que j'ai adoré. Vous l'aimerez à coup sûr !

Et si vous avez un jour ou l'autre côtoyé de près cette ville portuaire du Havre dans votre vie, ce roman prendra encore, une dimension supplémentaire...

On attend la suite Monsieur Soligny ! Car la roue tourne...

Bonne lecture.

Bruno

Comments

[Bruno B.]

Toujours dire ce que l'on pense Alex ! -sourires !-

[Alex mot a mots]

La couverture est à chier ? Comme tu y vas !

[totalybrune]

Même si le sujet n'est pas joyeux, je le lirais bien à l'occasion.