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10 août 2014

Désirable de Yann Queffélec

desirable



Quel dépit secret ronge Yolanda Vern ? Quelle haine ou quels remords hantent Nividic, son mari ? Lui, ancien play-boy aux cheveux longs, dessinateur de BD, dresse un bilan bien noir de son parcours. Pas d'enfant, une existence minable au fond d'un village déserté d'Ille-et-Vilaine, une femme caractérielle, un ami qui court après elle, rien ne va plus.
Elle, auxiliaire de vie, épouse rabrouée, cherche un remède à la solitude.
Le couple se déchire. Pas d'enfant ? ... C'est vite dit.

Un après-midi qu'il traverse en voiture le bois d'Ar Fol, absorbé dans ses pensées douloureuses, une jeune fille en chemise de nuit se jette sous ses roues.
Il ralentit, prend la fuite, revient. Personne.
Il sort de son véhicule et s'enfonce dans les bois à la recherche de la fille....



Yann Queffélec n'avait pas offert de récit à ses lecteurs depuis 4 ans.
Les amoureux de l'écriture si particulière et douloureuse de Yann Queffélec depuis son fameux Prix Goncourt de 1985 pour Les Noces Barbares vont pouvoir renouer avec la vision très noire de la destinée d'un homme que seul Yann Queffélec sait laisser entrevoir.

Yolanda Vern est une femme brisée. Auxiliaire de vie dans un bled reculé d'Ille-et-Vilaine (Village-à-la-Noy, ça ne s'invente pas !!!), elle est trompée et humiliée par son mari, Nividic.
Nividic est un play boy sur le retour, dessinateur de BD pour enfant et en perdition complète... Il passe des bras de la serveuse du bar à une autre femme, avec mépris. Il n'aime plus sa femme depuis qu'elle a laissé la poussette de leur fils au bord des vagues...

Alors qu'il traverse une forêt, Nividic croise une jeune fille en chemise de nuit... D'abord lâche, il décide de faire demi-tour et de la retrouver.
Commence alors pour lui une aventure surréaliste avec une jeune fille borderline.... Nividic voulait faire exploser sa vie. La rencontre avec Dée va ressembler à une explosion nucléaire, à une apocalypse.

Mais peut être qu'alors, tel le phoenix, Nividic pourra revivre de ses cendres ?

Comme il est étrange ce nouveau roman de Yann Queffélec !

La construction en alternance de personnages mais aussi d'époque permet peu à peu au lecteur de comprendre comment Yolanda et Nividic en sont arrivés à une telle haine et à un tel dégoût de l'un pour l'autre mais également d'eux-mêmes.
Les différents points de vue donnent ainsi une reconstitution de la destruction d'un couple qui ne peut survivre à la pire des catastrophes : la perte de leur enfant.

Alors que Nividic s'enfonce dans la forêt et rencontre Dée, alors que Nividic entend toujours la voix de son fils, le lecteur est entrainé dans une sphère étrange, au bord de la folie, voir même de la schizophrénie... cette folie d'une telle force qu'elle fait tout voler en éclat, cette folie qui est provoquée par la perte de celui que l'on aime plus que tout au monde, plus que soi-même.

Quelques chapitres donnent voix à cet enfant disparu 13 ans plus tôt et donnent ainsi toute la morale à cette histoire : bien que disparus, les êtres aimés nous entourent toujours d'une présence palpable.

Mais, au-delà, de la perte d'un être cher, Yann Queffélec aborde aussi la difficulté de vivre avec ce culpabilité profondément destructrice, cette question qui tourne en boucle : "Est-ce que je suis responsable de ce drame ?"

C'est parce que Nividic arrête d'accuser Yolanda et cède à ses démons que sa vie dérape et part dans tous les sens.... Parce qu'au fond de lui, il n'a jamais osé le dire, que, oui, peut-être, sa Yolanda n'est pas la seule responsable de la perte de leur fils.
Mais, il lui faudra peut être atteindre ce degré de destruction pour pouvoir se guérir et démarrer une nouvelle vie... sans ce fils, mais une vie quand même.

Un livre complètement déstabilisant par sa construction, entre onirisme et brutale réalité... mais qui rappelle que :

"C’est toujours la femme qui fait basculer le destin d’un homme - pour le meilleur, pour le pire, pour la vie."

A lire si vous aimez être bousculé comme lorsqu'une vague vous frappe par surprise, vous fait boire la tasse, vous chahute, puis vous aider à remonter à la surface lorsqu'elle se retire... Vous laissant éreinté, pantelant, essoufflé mais comme lavé de tout.

 

 

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Commentaires
A
Il a l'air d'être très bon, celui-ci.
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T
Oh comme tu donnes envie de lire Monsieur Queffélec copine. J'adore son écriture.
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