Bad Penny Blues de Cathi Unsworth

BAD PENNY BLUES de Cathi UNSWORTH
Editions RIVAGES NOIR N° 952

En cette année 1959, Londres vit une période charnière entre l'austérité de l'après-guerre et les swinging sixties. Stella et Toby sont étudiants en art à qui l'avenir semble sourire : ils sont jeunes, talentueux et bien décidés à marquer leur époque. Aussi, quand un étrange cauchemar jette une ombre sur sa vie, Stella s'empresse-t-elle de l'oublier. Mais les cauchemars recommencent. Stella y voit des femmes sur le point de mourir, qui lui envoient des appels au secours. Or des femmes ressemblant de manière troublante à celles des rêves de Stella sont retrouvées dans Londres, assassinées. C'est sur ces meurtres qu'enquête Pete Bradley, jeune policier idéaliste et ambitieux...

Fondé sur une affaire réelle et jamais élucidée, Bad Penny Blues mêle réalité et fiction, action et fantasmes, pour peindre un tableau remarquablement vivant de l'Angleterre des années soixante. Un tableau très noir duquel émerge une héroïne qui voyage aux frontières de la mort.

Quelle veine d'avoir pu rencontrer cette femme atypique lors du festival du polar du Havre en bord de plage ! Une belle rencontre car ce fût une véritable découverte pour ma pomme. Et quelle découverte ! UNSWORTH c'est un peu le BEAUVALLET ou le SOLIGNY au féminin dans son pays. L'Angleterre ! Critique de rock chez MOJO et MELODY MAKER durant de nombreuses années, elle décide de se lancer dans l'écriture. Sa connaissance musicale hors normes desservira ce Bad Penny Blues. N'en doutez pas un instant !
 
L'action se situe dans Londres au début des années 60 juste avant le swinging London dans les dédales de Portobello Road, CAMDEN TOWN ou encore SOHO. Les descriptions de ce Londres là est fascinant et d'une précision déconcertante. Pour y avoir moi même traîner mes guêtres dans les années 80, afin de dégoter des vinyles pirates ou des K7 audio sous le manteau, je fus subjugué par la qualité du sens du détail. Mais ici on traque par les pépites musicales mais bel et bien un meurtrier qui ne fait aucune grâce à ses victimes. Ces dernières ont toutes le même profil : sexe féminin et dames de petite vertu. Tandis que Peter, - l'inspecteur qui ne lâche rien ! - mène au mieux son enquête qui au fil des pages devient de plus en plus chaotique et plus compliquée que cela laisse supposer, Stella et Toby forment un couple apparemment où tout leur sourit. Vingtenaires ambitieux et créatifs, la peinture pour Toby, la mode pour Stella, leur parcours connaîtra quelques embûches. Et pour cause Stella fait des rêves ou plutôt des cauchemars. Ses rêves sont, pour la plupart liés aux femmes assassinées. Elle revit leurs derniers instants avant que la faucheuse les débauche, comme si ces malheureuses victimes lui lançaient un hypothétique S.O.S.
 
Pas facile d'aborder l'onirisme dans le polar sans tomber dans le fantastique ou dériver. Ici Cathi Unsworth réussit son coup et sait nous garder en éveil tout au long de ce roman. Son narratif est surprenant et sa plume nous emmène dans une époque révolue mais o combien intéressante. L'Angleterre d'avant Thatcher avec sa pègre, ses pubs enfumés, ses brocanteurs, ses prostituées hélant leurs clients calfeutrés dans leur Morris, ou bien encore la saleté de cette ville qui de nos jours nous offre une toute autre image. Le tissu social est lui aussi bien représenté, plutôt ciblé du côté du Middle Class ou bien encore des "bas de quartiers". C'est peut être ici que réside Jack l'Effeuilleur ? Allez savoir ! Pete devra remonter les manches et 'faire avec’, car du côté de ses pairs tout le monde n'est pas "clean" et les méthodes employées, pour le peu, vigoureuses.
 
J'ai apprécié ce roman et j'espère qu'il en sera de même pour vous autres. Je pense revenir vers vous un de ces jours pour vous reparler de cette femme ' So British' car Rivages a publié d'autres romans de la dame à la coupe de cheveux pas comme les autres... Bonne lecture !

Bruno

Comments

[La Petite Souris]

bonjour ! tout d'abord je découvre avec plaisir ton blog que je ne connaissais pas encore. Je pense que je reviendrai de temps en temps lire tes avis de lecture d'autant que nous avons l'amour des polars en commun. Je ne connais pas cet auteur et ce roman que tu présentes, j'avais rapidement survolé la 4eme de couv chez mon libraire avant de le reposer. Ca n'avait pas accroché ma curiosité. Ce que vient de faire par contre ta chronique. Je me le note donc ! A bientôt !

[totalybrune]

Comme tu en parles bien Bruno, je vais le lire.