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13 juillet 2014

Le Diable tout le temps de Donald Ray Pollock

lediabletoutletemps

LE DIABLE TOUT LE TEMPS de Donald Ray Pollock
Titre original "The devil all the time"

Sortie aux USA 2011
Sortie au livre de Poche le 03.01.2014

- Grand Prix de la littérature Policière (2012)
- Meilleur livre de l'année du magazine Lire (2012)
- Prix Mystère de la critique (2013)

Dans la lignée des oeuvres de Truman Capote, Flannery O'Connor ou Jim Thompson, un roman sombre, violent et inoubliable sur la condition humaine. De la fin de la Seconde Guerre mondiale aux années 60, les destins de plusieurs personnages se mêlent et s'entrechoquent. Willard Russell, qui a combattu dans le Pacifique, est toujours tourmenté par ce qu'il a vécu là-bas. Il est prêt à tout pour sauver sa femme Charlotte, gravement malade, même s'il doit pour cela ne rien épargner à son fils Arvin... Carl et Sandy Henderson forment un couple étrange qui écume les routes et prend de jeunes auto-stoppeurs qui connaîtront un sort funeste.... Roy, un prédicateur convaincu qu'il a le pouvoir de réveiller les morts, et son acolyte Theodore, un musicien en fauteuil roulant, vont de ville en ville, fuyant la loi et leur passé. Donald Ray Pollock s'interroge sur la part d'ombre qui est en chaque individu, sur la nature du Mal. Son écriture est d'une beauté inouïe mais sans concessions. Avec maestria, il entraîne le lecteur dans une odyssée sauvage qui marque durablement les esprits.

Il y a des livres qu'on encense de trop ou trop vite, et il y a ceux dont c'est le contraire. Ce pur chef d'œuvre de littérature noire rentre dans la seconde catégorie.
Je vous l'accorde ce roman est monstrueux dans les deux sens du terme. On met un pied dans la sauvagerie, on ne frôle pas l'enfer, on y est !
L'écriture est impeccable et donnerait presque de la grâce à la sauvagerie humaine, même si on ne peut que la réfuter.

Knockemstiff (Ohio) et ses environs, cynique village est le théâtre sordide de ce roman où il faut surtout éviter le chemin d'un homme, qui, pour vaincre le cancer de sa femme sacrifie des animaux dans un tronc à prières. Il y aussi ce drôle de couple dont l'homme a des goûts prononcés pour le voyeurisme. Mais si ce n'était que le voyeurisme ! Leur terrain de prédilection est la route et particulièrement les auto-stoppeurs et leurs avenirs funestes ! Aussi, Les prêtres qui aiment trop les petites filles et leurs prédications sont plutôt louches ! Il y a également des Fous de Dieu qui tuent leurs épouses à l'aide de tournevis.

Evidemment, ainsi décrit, cela ne donne guère envie, ou peu de le lire ! Mais grâce à une subtile et éblouissante écriture Donald Ray Pollock nous décrit cet univers de cinglés d'une manière hors normes !
Je n'en dirais donc pas plus afin de ne pas dévoiler les caricatures de ces étranges personnages ni la fin pressentie mais inévitable ! L'univers glauque est omniprésent, l'auteur n'épargne rien à ces personnages. Vraiment rien ! Çà je vous l'assure !
William RUSSEL, Charlotte (sa femme), Arvin (son fils), Carl et Sandy HENDERSON, Roy et Théodore sont atypiques sont à la fois terrifiants mais souvent attachants. Allez comprendre ! Seule la lecture de ce chef d'œuvre (désormais reconnu comme tel par les spécialistes du genre) vous le permettra.

Je vous recommande vivement ce roman "pas comme les autres !». Ce livre est poignant ! Depuis Sukkwan Island de David Vann jamais aucun livre ne m'avait autant marqué l'esprit.

Bruno.

EXTRAIT 

"Quelques jours plus tard, Willard commença à ramasser des animaux tués au bord des routes: des chiens, des chats, des opossums, des marmottes, des daims. Les dépouilles qui étaient trop raides et trop putréfiées pour saigner, il les suspendait aux croix et aux branches des arbres autour du tronc à prières. La chaleur et l'humidité les faisaient pourrir rapidement. La puanteur leur donnait des haut-le-coeur à Arvin et à lui, quand ils s'agenouillaient pour implorer la pitié du Seigneur. Des asticots tombaient des arbres et des croix comme des gouttelettes de graisse blanche qui se tortillaient. Le sol autour des troncs était perpétuellement gluant de sang. Le nombre d'insectes grouillant tout autour se multipliait chaque jour. Tous deux étaient couverts de piqûres de mouches, de moustiques, de puces. Bien qu'on fut en août, Arvin se mit à porter une chemise de flanelle à manches longues, une paire de gants de chantier et un mouchoir sur le visage. Ils ne se lavaient plus ni l'un ni l'autre. Ils vivaient de viande froide et de crackers achetés chez Maude. Le regard de Willard se fit dur et sauvage, et son fils avait l'impression que sa barbe en broussaille était devenue grise du jour au lendemain".

 

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Commentaires
C
Quel billet irrésistible ! Je vais de ce pas le commander et le garder au chaud pour ces périodes où j'aime me plonger dans l'horreur !<br /> <br /> Merci pour la découverte :)<br /> <br /> Cajou
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T
Je note. Merci Bruno.
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