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15 septembre 2013

Manuel El Negro de David Fauquemberg

manuelelnegro

Tout part du chant. Dans les barrios gitans d'Andalousie, le flamenco se transmet comme une seconde nature. Quand on ne chante pas, on se raconte entre gens entendus les grands créateurs d'autrefois, leurs styles, leurs mille et une histoires. Vivent ceux qui savent.
Lorsque surgit la grâce, on la reconnaît aussitôt. Un soir aura suffi à Manuel El Negro pour entrer dans la légende. L'écho de sa voix retournait l'âme. Moi, je l'accompagnais. J'étais son guitariste, dans l'ombre toujours. Notre amitié, tissée autour du chant, c'était un rêve partagé. Mais les Gitans le savent : l'art ne se commande pas. Y consacrer sa vie, c'est prendre tous les risques.
Mémoire d'un peuple, le flamenco est plus qu'une musique : un art de vivre, une vision enchantée du monde, nourrie des milliers de vers anonymes hérités de la tradition.
Confrontant ses personnages romanesques à des figures bien réelles de ce mundillo dans lequel il s'est longuement immergé, David Fauquemberg réinvente cette "langue flamenca", sa poésie, ses révoltes, l'intense émotion qui l'anime.


Troisième roman du partenariat "Coup de coeur de la rentrée littéraire" organisée par Entrée Livre, c'est dans un univers complètement inconnu que m'a transporté l'écriture de David Fauquemberg.

Bien qu'il soit un hommage au célèbre Flamenco Manuel El Negro et relate sa vie depuis son enfance, ce roman n'est pas écrit à la première personne.
La totalité de cette biographie (fictive en ce qui concerne le personnage, mais historiquement vraie pour tout ce qui concerne le Flamenco) est racontée par Melchior de la Pena, le meilleur ami, le guitariste... presque l'éminence grise.
Bien sur, en nous livrant l'histoire de Manuel, c'est également une partie de la sienne que nous conte Melchior de la Pena puisque :

"Un ami, disait le poète, c'est soi-même sous un autre cuir.
En vous racontant Manuel, je parlerai de moi - fait-on jamais rien d'autre...
"

Et cette histoire, raconte toute la force de la communauté gitane des barrios andalous, toute la poésie des couplets de buléria, toute la puissance des voix qui enchantent, draguent ou tirent les larmes, tout le génie des guitaristes qui accompagnent discrètement.

Dès les premières pages, l'écriture de David Fauquemberg m'a transporté dans cette deuxième moitié du XX° siècle, période rupture entre le Flamenco traditionnel et le Flamenco modernisé que nous pouvons écouter de nos jours.
Bien que David Fauquemberg parsème son récit de nombreux termes techniques et d'information sur le Flamenco, il parvient à le faire sans lourdeur pour le lecteur.

Une magnifique histoire de vies, beaucoup de poésie et vérités à rappeler dont la plus étonnante, dans tout cet univers de musique (donc de bruit !) est peut être la suivante :

"Les années de scène m'ont appris qu'il ne sert à rien de forcer son jeu au milieu du vacarme.
Pour être écouté, il faut effleurer le silence."

Je vous laisse avec, incontestablement, la nouvelle génération, parce qu'on ne peut parler d'un tel roman sans finir en musique.

 

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Commentaires
A
La phrase que tu cites est très belle.
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T
Absolument
Répondre
T
Ce doit être chouette de plonger dans un univers totalement inconnu.
Répondre
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