Road Tripes de Sebastien Gendron
Quand deux paumés décident de jouer aux cow-boys sur des routes où les pompes à essence ont remplacé les Indiens, cela donne une course folle et déjantée entre Bordeaux et Montélimar, soit 4 000 kilomètres en dents de scie à manger des sardines à l'huile et des gâteaux secs, à foutre le feu aux forêts et à vider un fusil pour secouer le décor...
Rencontré au Festival Quais du Polar, Sebastien Gendron est un auteur de polar relativement atypique.
Vincent, pianiste de génie qui ne joue pas et dentiste qui n'exerce pas, trouve un emploi de distributeur de prospectus.
Alors qu'il prépare sa tournée du jour, il rencontre Carell, un type à la dérive. Ce qu'on appellerait un neuneu : rien dans la tête, un vocabulaire limité, voleur de voiture, et arnaqueur de première.
"Il était là, il souriait avec son visage d'ange raté, son physique impossible
- trop petit pour la hauteur des tables de tri et trop gros pour se caler
correctement- et son accent bordelais des années soixante."
La rencontre des deux va être explosive et va les mener dans une traversée de la France, à tombeau ouvert, à bord de voitures volées.
Bien qu'il soit classé dans la catégorie Polar, ce roman est complètement atypique. En effet, ici, pas de crime sanglant, pas de flic amoché ni de psychopathe épouvantable. Juste 2 paumés qui voient leur vie déraper après un tout petit délit qui prend des proportions hallucinantes
Vincent et Carell sont plutôt attachants, franchement drôles et leur duo improbable fonctionne à merveille.
On s'imagine très bien à l'arrière de la voiture, toutes fenêtres ouvertes, la radio à fond la caisse enchaînant les vieux succès populaires.
Pour mieux accompagner les deux héros, les chapitres ne sont pas numérotés mais indiquent le nombre de kilomètres parcourus.
Ce Road Tripes est une vraie bouffée d'air frais, cinématographique à souhait (un air de Thelma et Louise, avec la bande son de Bullitt par Lalo Schifrin, version Montélimar-Bordeaux) à la bande son éclectique mais rythmant l'histoire à merveille.
Un vrai coup de coeur, en ce qui me concerne, pour sa fraîcheur, sa drôlerie et son originalité... Mais, si vous voulez dix bonnes raisons de ne pas lire ce livre, je vous conseille cet article du Salon Littéraire.